Le bras d'honneur assumé par l'ex-ministre français de la Défense et sénateur de la droite UMP Gérard Longuet contre la demande algérienne de reconnaissance des crimes de la France coloniale lors d'une émission de télévision, continuait vendredi soir à soulever la réprobation d'une bonne partie de la classe politique en France.Ainsi, le député UMP Claude Goasguen a déploré le geste de l'ancien ministre de la Défense, y voyant "une insulte" à tous les morts de la guerre d'Algérie."Ce n'est pas une bonne. C'est d'ailleurs une insulte sur tous les morts de la guerre d'Algérie que de faire ce geste qui est un geste de mépris, aussi bien à l'égard des morts algériens que des morts français", a-t-il déclaré.L'ex-ministre de la Défense est depuis mercredi au centre d'une polémique, suite à son geste. Il réagissait à une question hors micro sur la demande du ministre algérien des Moudjahidine Mohamed Cherif Abbas d'une "reconnaissance franche des crimes perpétrés à l'encontre des Algériens par le colonialisme français".Le président du Conseil des Musulmans démocrates, Abderrahmane Dahmane relève de son côté qu'à l'heure où "le peuple algérien et ses amis démocrates de par le monde se recueillent pour honorer la mémoire de toutes celles et ceux qui ont lutté pour leur dignité, leur intégrité et leur indépendance, Gérard Longuet, un sinistre individu nostalgique de l'époque coloniale, se permet de faire un bras d'honneur révélateur d'un comportement anti- républicain manifeste attestant son ignorance des enseignements à tirer du colonialisme"."On comprend mieux, a-t-il poursuivi, son rejet viscéral de la requête légitime de l'ensemble des Algériens pour la reconnaissance de la souffrance et les crimes perpétrés au nom précisément d'une certaine idéologie colonialiste", ajoutant que c'est un gage de rapprochement et de réconciliation entre nos deux pays et de nos deux peuples".Pour le président de l'Observatoire de lutte contre l'islamophobie, Gérard Longuet "veut exacerber le conflit entre générations et composantes nationales françaises d'une part, le peuple français et le peuple algérien d'autre part, en se portant garant des valeurs de dignité de la nation française".Son attitude "fascisante", a-t-il dit, consiste à soulever le ressentiment de la population française envers les algériens au lieu d'accepter le verdict de l'Histoire et attise la haine et la peur des masses pour brouiller d'un écran de fumée l'opinion sur l'histoire du colonialisme français".La veille, le président socialiste du Sénat Jean-Pierre Bel, a estimé que ce geste, de la part d'un ancien ministre, "ne peut qu'entretenir la guerre des mémoires". Il a souligné qu'"il est de la responsabilité des représentants de la nation de contribuer au dialogue des mémoires et en particulier à l'intégration du passé colonial de la France dans le récit républicain, et non d'attiser l'ostracisme et le rejet de l'autre".A la veille de la célébration du 58e anniversaire du déclenchement de la révolution du 1er novembre 1954, le ministre des Moudjahidine Mohamed Chérif Abbas a souligné à Alger qu'au "regard des crimes perpétrés par ce colonisateur contre un peuple sans défense et compte tenu de leur impact dans l'esprit même des générations qui n'ont pas vécu cette période, sachant que tout un chacun connait les affres subies par notre peuple du fait de la torture, des mutilations et de la destruction, les Algériens veulent une reconnaissance franche des crimes perpétrés à leur encontre".