Le président du Parlement iranien Ali Larijani a mis en garde vendredi l'opposition syrienne ainsi que le Qatar et l'Arabie saoudite contre toute action "aventuriste" en Syrie, où rebelles islamistes et combattants kurdes se préparaient à une guerre ouverte dans le nord du pays. Autre allié du régime, Moscou a critiqué la décision turque d'installer des missiles anti-aériens Patriot à sa frontière avec la Syrie, mais Ankara a répliqué en soulignant leur caractère "purement défensif". Ce vendredi, les adversaires de Bachar al-Assad s'apprêtaient à manifester sur le thème de "l'heure de la victoire approche", après les récents succès des insurgés dans l'est et le nord. A Damas, M. Larijani, qui a rencontré le président Assad, s'en est pris sans les nommer au Qatar et à l'Arabie Saoudite, principaux soutiens et bailleurs de fonds de l'opposition. "Certains dans la région veulent mener des actions aventuristes pour causer des problèmes à la Syrie", a-t-il dit aux journalistes. "Mais, a-t-il ajouté, l'Iran apprécie toujours le rôle d'avant-garde joué par la Syrie dans le soutien à la Résistance", c'est-à-dire aux pays s'opposant à Israël et aux Etats-Unis. Avant son départ de Téhéran, le président du Parlement avait critiqué les rebelles, qui ont infligé de récentes défaites aux troupes gouvernementales. "Certains groupes (d'opposition, ndlr) au nom de réformes (...) cherchent à perturber la situation politique en Syrie", a-t-il dit, avant de préciser qu'il venait pour "pour tenter de trouver une solution au problème syrien". "Nous soutenons la démocratie et la réforme en Syrie mais nous nous opposons à toute action aventuriste", a-t-il ajouté, selon des propos rapportés par l'agence iranienne Mehr. Il doit se rendre ensuite au Liban pour y rencontrer le président chiite du Parlement Nabih Berri, puis en Turquie, pays qui a demandé à l'Otan l'installation de Patriot à sa frontière avec la Syrie. Ce déploiement a suscité le mécontentement de la Russie qui y a vu un risque de provoquer un "conflit armé grave". "Plus on accumule d'armes, plus elles risquent d'être utilisées", a estimé le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. En Syrie, les principaux mouvements kurdes syriens ont décidé de former une force militaire unie pour faire face à des centaines d'insurgés islamistes dans le nord-est de la Syrie, a rapporté un militant kurde. Des combattants du Parti de l'Union démocratique kurde (PYD), la branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, rebelles kurdes de Turquie), affrontent depuis des jours des centaines de rebelles du Front Al-Nosra et de la brigade Ghouraba al-Cham à Rass Al-Aïn, localité syrienne à la frontière turque où les rebelles tiennent un poste-frontière. "Les deux Conseils nationaux kurdes du Kurdistan de l'ouest ont convenu de former une force militaire unifiée regroupant les forces du PYD et les dissidents dans le Kurdistan", a affirmé ce militant se présentant sous le nom de Havidar. Dans leur terminologie, le Kurdistan ouest désigne la Syrie. Ce militant hostile au régime a précisé que la réunion s'était tenue en Irak. Dans le même temps, Al-Nosra et Ghouraba al-Cham, deux importants groupes islamistes radicaux, ont de leur côté appelé les rebelles à la rescousse, même si ces deux organisations ne font pas partie de la principale force armée d'opposition, l'Armée syrienne libre (ASL). Le Qatar, qui a joué un rôle de premier plan dans l'unification le 11 novembre de la rébellion syrienne, a demandé à la Coalition de l'opposition de nommer un ambassadeur à Doha, a indiqué un haut responsable qatari. Jeudi, les violences à travers la Syrie ont fait 138 morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), qui a décompté en s'appuyant sur un large réseau de médecins et militants 40.000 morts en 20 mois de conflits.