Des affrontements inédits entre miliciens kurdes et rebelles anti-régime à Alep, dans le nord de la Syrie, ont fait 30 morts et 200 prisonniers, a rapporté samedi l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Ces affrontements dans lesquels rebelles et kurdes ont vu la main du régime viennent se greffer à un conflit entre armée et groupes rebelles et fragilisent encore davantage un pays miné par 19 mois de violences. Les heurts sans précédent ont éclaté vendredi entre des rebelles et des membres du Parti de l'Union démocratique kurde (PYD), la branche syrienne du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan, kurde turc) dans le quartier à majorité kurde d'Achrafiyé. Ce secteur du nord d'Alep, contrôlé par le PYD, avait été relativement épargné par les violences qui ont éclaté le 20 juillet dans la métropole, mais sa position sur une hauteur de la ville est stratégique. Selon des habitants, quelque 200 rebelles se sont infiltrés à Achrafiyé, et les membres des comités populaires kurdes postés à des barrages ont tenté de les repousser, provoquant les affrontements. "Trente personnes -arabes et kurdes- sont mortes dans les combats, dont 22 combattants des deux camps", a annoncé l'OSDH, une organisation basée en Grande-Bretagne qui s'appuie sur un réseau de militants et de sources médicales civiles et militaires à travers la Syrie. Plus de 200 personnes ont ensuite été capturées, pour la plupart des Kurdes aux mains des rebelles mais aussi une vingtaine de rebelles pris par le PYD, selon la même source. La minorité kurde (15% des 23 millions de Syriens) est hostile au régime de Bachar al-Assad, qui l'a réprimée, mais est méfiante envers l'opposition qu'elle juge peu encline à reconnaître sa spécificité. Cet été, l'armée s'est retirée de certaines zones kurdes, en particulier du quartier d'Achrafiyé et de plusieurs villes le long de la frontière turque, laissant une grande autonomie aux autorités kurdes qui permettent aux rebelles d'y pénétrer sans armes et en civil. Massoud Akko, journaliste syrien et figure du militantisme kurde, a réaffirmé samedi son opposition à la présence de l'Armée syrienne libre (ASL, rebelles) dans les zones kurdes, tout en redoutant que le régime "cherche à créer des conflits entre les Syriens". Dans un communiqué, le PYD a fait porter la responsabilité des combats autant sur les rebelles que sur le régime, expliquant que durant les deux jours ayant précédé les combats, l'armée avait tiré des obus sur le quartier d'Achrafiyé. "Nous avons choisi de rester neutres, et nous ne prendrons pas partie dans une guerre qui n'apportera que souffrance et destruction à notre pays", a répété le parti dans un communiqué. Un groupe rebelle a assuré que les affrontements avaient été le résultat d'un malentendu: "Nos frères kurdes sont des camarades au sein de notre nation. Le problème (...) a été le résultat d'un malentendu dû à une manigance du régime", a assuré la "brigade des Hommes libres de Syrie".