Le tribunal militaire de Benghazi, dans l'est de la Libye, a annoncé mercredi qu'il se dessaisissait du dossier de l'assassinat du chef d'état-major rebelle Abdelfattah Younès, à la suite d'accusations mettant en doute l'impartialité de cette instance. "Le tribunal militaire de Benghazi et toutes ses instances ont décidé de se dessaisir du dossier de l'assassinat d'Abdelfattah Younès en raison de la tournure prise par l'enquête menée sur Mustapha Abdeljalil", l'ex-chef du Conseil national de transition (CNT, ancien organe politique de la rébellion), a déclaré le président du tribunal, le colonel Abdallah al-Saiti. Le colonel Saiti, qui lisait un communiqué, a précisé que le dossier était remis à la Haute instance de la justice militaire pour qu'il choisisse un nouveau tribunal. Il n'a pas donné plus de détails sur les raisons ayant poussé le tribunal à prendre une telle décision. M. Abdeljalil avait été inculpé en décembre d'"abus de pouvoir" et d'atteinte à l'unité nationale. Laissé en liberté sous caution, sa comparution devant le tribunal était prévue le 20 février. Cette inculpation a suscité une vive polémique et des protestations de ses partisans qui avaient accusé le tribunal de "partialité", notamment après la diffusion sur les réseaux sociaux d'une vidéo montrant le colonel Saiti faisant le V de la victoire après avoir fait lecture de la convocation de M. Abdeljalil pour interrogatoire. Des députés avaient par ailleurs réclamé le dessaisissement du tribunal de ce dossier, estimant que ses agissements "lui ont fait perdre son impartialité", selon le porte-parole de l'Assemblée nationale Omar Hamidan. Le général Younès était le militaire de plus haut rang à avoir rejoint la rébellion contre le régime de Mouammar Kadhafi. Il avait été tué en juillet 2011 après avoir été rappelé du front pour un interrogatoire par des juges. M. Abdeljalil avait annoncé sa mort en expliquant que le général avait été tué par un groupe armé au moment où il était en route pour l'interrogatoire qui portait selon lui sur la situation militaire.