Dans les rues de Sétif, dans les fours à chaux d'Héliopolis, au fond des gorges de Kherrata, mais aussi à Constantine et dans de nombreux hameaux de l'Est algérien, 45.000 Algériens tombèrent le 8 mai 1945 et les semaines qui suivirent sous le feu nourri des forces coloniales françaises. Leur tort était simplement d'avoir poussé ce jour-là, pendant que les nations alliées sabraient le champagne pour célébrer la victoire sur Adolf Hitler et le nazisme, un cri de liberté. Un autre cri de liberté. Le premier fut poussé à Blida, moins de 3 semaines après l'entrée des Français à Alger, plus exactement le 23 juillet 1830 lorsque les tribus des Béni Salah et des Béni Misra résistèrent héroïquement à une infanterie française forte de 1.500 hommes. Il y eut encore d'autres cris, plus assourdissants, ceux de l'Emir Abdelkader qui organise en 1832 l'Etat national, d'Ahmed Bey, d'El Mokrani, ou encore de cheikh Bouziane et de nombreux autres, mais "le cri le plus puissant sera poussé le 8 mai 1945 par des dizaines de milliers d'Algériens", soutient Debbah Hebbache, chef scout sétifien à cette époque