Le chef de l'Etat a appelé au recueillement «à la mémoire des dizaines de milliers de nos concitoyens tués, blessés, emprisonnés, humiliés par l'Etat colonial français et ses milices». Barbarie, fours à chaux d'Héliopolis, brutalités et massacres. C'est avec ces mots que le président de la République qualifia le génocide du 8 Mai 1945 commis par l'armée française contre les Algériens. Dans un message lu par le ministre des Moudjahidine, Mohamed Chérif Abbas, à Kherrata (Béjaïa), à l'occasion de la commémoration de ces massacres, le chef de l'Etat a dénoncé la réaction de l'armée coloniale envers les centaines d'Algériens qui manifestaient, poitrines nues, pour demander leur droit de s'affranchir de la domination coloniale. Abdelaziz Bouteflika a rappelé d'abord le contexte dans lequel les massacres ont été perpétrés. «Au moment où les peuples du monde entier fêtaient la victoire contre le nazisme, des défilés pacifiques et joyeux d'Algériens étaient organisés dans de nombreuses villes du pays. Ils entendaient à la fois célébrer la victoire contre le nazisme pour laquelle de nombreux Algériens avaient sacrifié leur vie et affirmer leur droit de s'affranchir de la domination coloniale en brandissant le drapeau national.» M.Bouteflika a dénoncé le fait que «la réponse de l'Etat colonial français fut d'une insoutenable brutalité, illustrée notamment par les massacres de masse commis par l'aviation et la marine, les exécutions sommaires et les fours à chaux d'Héliopolis pour faire disparaître les traces de cette atroce barbarie qui déferla sur l'Algérie pendant plusieurs semaines», a noté le chef de l'Etat, dont le message est cité par l'agence APS. C'est pour la énième fois que le président de la République dénonce le colonialisme français et ses massacres perpétrés en Algérie. Il y a deux ans, à cette même date, le chef de l'Etat a comparé les massacres du 8 Mai 1945 aux actes de l'Allemagne hitlérienne. «Les commandos de la mort exécutaient par centaines et milliers les citoyens sur les places publiques, stades et autres buissons (...) Qui ne se souvient des fours de la honte installés par l'occupant dans la région de Guelma au lieudit El Hadj M'barek, devenu lieu de pèlerinage où la mémoire conte les secrets de la victime. Ces fours étaient identiques aux fours crématoires des nazis». Cette déclaration a provoqué diverses réactions dans les milieux français. Condamnant fermement la loi du 23 février, glorifiant la présence française outre-mer, le Président Bouteflika a réitéré la position de l'Algérie concernant l'ère coloniale et ce que l'armée de l'occupation a commis de crimes envers les Algériens. Bouteflika a qualifié le colonialisme français, en Algérie, de système «oppresseur et raciste», réitérant le refus de l'Algérie des tentatives de «réécriture de l'Histoire», une allusion à la loi du 23 février 2005 glorifiant le colonialisme français. Pour ceux qui veulent détourner cette date et en faire une journée de triomphe, le chef de l'Etat indiqua: «Pour nous, Algériens, la commémoration du 8 Mai 1945 doit exalter les sacrifices d'une génération de nos compatriotes pour abolir ce passé colonial et contribuer à l'émergence d'un monde multipolaire fondé sur la liberté des nations et leur coexistence pacifique.» A l'occasion de la commémoration de ces événements tragiques, le Président Bouteflika s'est dit extrêmement attentif «à toutes les voix qui s'élèvent en France pour rompre avec le déni de l'Histoire, en particulier en ce qui concerne le 8 Mai 1945». Le chef de l'Etat a ajouté que ces voix «ouvrent la voie à une réconciliation véritable et durable entre les peuples algérien et français». Dans le même contexte, M.Bouteflika a appelé à une «reconstitution historique, réaliste et sincère, d'un passé colonial qui a laissé des blessures profondes au sein du peuple algérien». Dans le même message, il a appelé au recueillement «à la mémoire des dizaines de milliers de nos concitoyens tués, blessés, emprisonnés, humiliés par l'Etat colonial français et ses milices lors des tragiques événements du 8 Mai 1945». Pour le Président Bouteflika, les martyrs des événements du 8 Mai 1954 «ont été d'abord et avant tout les pionniers de la résistance anticoloniale de la nation algérienne, qui débouchera sur le déclenchement de la guerre de Libération nationale initiée le 1er Novembre 1954 et la victoire politico-militaire du 5 Juillet 1962».