Après les combats entre islamistes et soldats français et maliens dans le centre de Gao, la plus grande ville du Nord du Mali reprenait vie lundi et des centaines de curieux se pressaient sur les lieux des affrontements entre restes humains, mines et munitions non explosées. Le maire de Gao (1.200 km au nord-est de Bamako), Sadou Diallo, a imputé l'attaque de dimanche à "un relâchement" à un contrôle de l'armée malienne à la sortie nord de la ville, sur lequel deux kamikazes se sont fait exploser ces derniers jours. D'après plusieurs témoins, les soldats maliens se seraient enfuis après le deuxième attentat suicide samedi soir, permettant aux islamistes de s'infiltrer. Au moins deux jihadistes ont péri dimanche dans les combats, selon un haut gradé malien. Le maire a également pointé "une négligence du côté du fleuve" Niger, par lequel certains islamistes seraient venus en pirogue. Lundi matin dans une rue commerçante, des centaines d'hommes, de femmes et d'enfants étaient rassemblés devant le commissariat, où les rebelles s'étaient retranchés pour affronter les soldats maliens et français. Un commerçant du quartier, Malik Maïga, dit avoir "trouvé cinq personnes mortes (...) avec des balles perdues", "des commerçants dans le marché, des frères". L'affirmation est plausible même si des médecins n'ont évoqué que deux morts civils à la morgue - les corps n'y sont pas systématiquement amenés. Pas de panique perceptible en tout cas: le bâtiment beige, criblé d'impacts d'obus et de mitrailleuse lourde qui ont par endroits découpé le béton comme de la dentelle, son premier étage éventré, est l'attraction du jour. Un morceau de torse humain traîne dans les décombres, d'autres petits fragments sont visibles. Plus loin, deux jambes arrachées, à plusieurs mètres l'une de l'autre.