L'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU pour le Sahel, l'Italien Romano Prodi, a annoncé jeudi à Nouakchott la création d'un "fonds" pour aider les pays de cette région secouée par la guerre au Mali. Ce fonds, créé par l'ONU, est "destiné à aider la région pour que le Sahel soit au moins au même niveau de développement que les autres pays d'Afrique", a déclaré M. Prodi à la presse à l'issue d'une rencontre avec le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz. "Tous les pays du monde ont exprimé leur disposition à apporter leur appui à la région et leur préoccupation vis-à-vis de la situation au Sahel et des menaces de terrorisme" dans cette région, a ajouté M. Prodi, ancien président du Conseil italien. Il a rappelé que ces menaces ne concernent pas la seule sécurité au Sahel, mais "toute la sécurité internationale". Il a affirmé que sa rencontre avec le président Aziz lui avait permis de constater "la forte volonté de la Mauritanie de travailler avec nous et avec tous les pays du Sahel pour préparer une action partagée en vue du développement et de la paix au Sahel". M. Prodi s'est rendu ensuite au Burkina Faso, où il s'est entretenu avec le président Blaise Compaoré, médiateur dans la crise malienne pour le compte de l'Afrique de l'Ouest. L'émissaire onusien a insisté sur "la nécessité d'aboutir rapidement aux élections" au Mali. Le président malien par intérim Dioncounda Traoré a évoqué l'échéance de la fin juillet pour la présidentielle, destinée à rétablir la normalité institutionnelle dans le pays, mais ce délai paraît très court à nombre d'observateurs. En plus de "l'option militaire", il y a besoin d'efforts de médiation, a également jugé M. Prodi. Accompagné de Saïd Djinnit, représentant de l'ONU en Afrique de l'Ouest, l'envoyé des Nations unies pour le Sahel a entamé mercredi au Sénégal une tournée régionale qui doit également le conduire au Niger. Outre des entretiens avec les chefs d'Etat de ces pays, MM. Prodi et Djinnit doivent rencontrer "des représentants de la société civile", selon un communiqué de l'ONU publié à Dakar. Après celle de décembre 2012, il s'agit de la deuxième visite conjointe des deux responsables dans la sous-région, rappelle l'ONU en précisant qu'elle "s'inscrit dans les efforts visant à développer une stratégie régionale pour le Sahel". Pour M. Prodi, il s'agit de la quatrième visite dans la région depuis sa nomination comme envoyé spécial de l'ONU en octobre 2012. Depuis, la France est intervenue militairement à partir du 11 janvier au Mali pour stopper une avancée des groupes islamistes armés vers le sud du pays alors qu'ils occupaient depuis neuf mois toute sa partie nord. Cette intervention, aux côtés de l'armée malienne et d'autres armées africaines, se poursuit et a permis de reprendre aux islamistes les principales villes du nord du Mali.