Le régime du président Bachar al-Assad est prêt au dialogue avec les rebelles armés pour mettre fin au conflit, a déclaré lundi à Moscou le chef de la diplomatie syrienne Walid al-Mouallem, premier dirigeant syrien à faire une telle ouverture à l'égard de la rébellion. "Nous sommes prêts au dialogue avec tous ceux qui veulent le dialogue, y compris les groupes armés", a déclaré M. Mouallem au début de ses entretiens avec son homologue russe, Sergueï Lavrov. "Nous restons favorables à un règlement pacifique du problème syrien. Une commission gouvernementale a été créée pour mener des pourparlers avec l'opposition dans le pays et même avec l'opposition à l'extérieur" de la Syrie, a ajouté M. Mouallem. De son côté, M. Lavrov a déclaré qu'il n'y avait en Syrie "aucune" autre solution "acceptable" qu'un "règlement politique par un dialogue entre le gouvernement et l'opposition", mettant en garde contre les conséquences d'une poursuite du conflit armé qui a fait près de 70.000 morts en bientôt deux ans, selon l'ONU. "Nous sommes à la croisée des chemins. Il y a ceux qui sont pour la poursuite du bain de sang, ce qui risque d'entraîner l'effondrement de l'Etat et de la société", a averti M. Lavrov. "Il y a des forces qui ont du bon sens et qui comprennent la nécessité d'entamer des négociations le plus vite possible pour trouver un règlement politique. Le nombre de ceux qui soutiennent cette ligne ne cesse d'augmenter", a estimé le chef de la diplomatie russe. M. Lavrov a insisté sur le fait qu'il revenait au peuple syrien de "décider de son sort sans intervention extérieure", réitérant la position de la Russie, opposée à toute ingérence dans le conflit. Seule grande puissance à encore entretenir des relations étroites avec Damas, la Russie a jusqu'ici bloqué, avec la Chine, tous les projets de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU condamnant le régime du président Bachar al-Assad. La Russie, un des derniers soutiens du régime syrien auquel elle livre des armes, a aussi invité à Moscou le président de la Coalition de l'opposition syrienne, Ahmed Moaz al-Khatib, qui pourrait s'y rendre début mars, selon la diplomatie russe. Mais l'opposition syrienne a annoncé samedi qu'elle suspendait sa participation à plusieurs rencontres à l'étranger pour dénoncer le "silence international sur les crimes" commis par le régime, au lendemain de tirs meurtriers de missiles sur Alep. Lundi, M. Khatib a cependant laissé entendre que sa coalition pourrait revenir sur sa décision de boycotter une réunion internationale sur la Syrie prévue pour jeudi à Rome. "Plusieurs grandes puissances nous ont demandé de revenir sur notre boycott et ont (promis) qu'un soutien clair et qualitatif serait apporté au peuple syrien", a déclaré M. Khatib au Caire. "Nous avons une réunion aujourd'hui" pour en discuter, a-t-il dit. A propos de la visite prévue pour mars à Moscou, le chef de l'opposition a indiqué que ce voyage était "reporté jusqu'à ce que nous voyions comment les choses avancent". De son côté, le chef d'état-major de l'armée rebelle en Syrie, Sélim Idriss, a affirmé que les insurgés refusaient toute négociation avec Damas avant le départ du président Bachar al-Assad et le retrait de l'armée des villes. Les pourparlers à Moscou entre MM. Mouallem et Lavrov sont intervenus à la veille de la première rencontre à Berlin entre le chef de la diplomatie russe et le nouveau secrétaire d'Etat américain John Kerry, qui devrait être dominée par la question syrienne. "Nous avons le sentiment que la Russie peut jouer un rôle clé pour convaincre le régime (syrien) et tout le monde du besoin d'une transition politique", a déclaré un responsable du département d'Etat voyageant avec M. Kerry. La diplomatie américaine a tenté dimanche de convaincre l'opposition syrienne de ne pas boycotter la réunion internationale programmée à Rome pour le 28 février, à laquelle participera John Kerry. Par ailleurs, le haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Mme Navi Pillay, a déploré lundi à Genève que le Conseil de sécurité ne soit pas parvenu à porter le cas syrien devant la Cour pénale internationale, le président de l'Assemblée générale de l'ONU, Vuk Jeremic, ayant pour sa part dénoncé un "carnage" en Syrie.