"Ils sont peu nombreux, mais ils ont un appui économique et logistique que nous (...) n'aurons jamais": dans l'Est syrien, des dirigeants de l'Armée syrienne libre (ASL) s'inquiètent de la montée en puissance des unités jihadistes. "Ils reçoivent de l'argent de l'étranger et ont les meilleures armes pour lutter contre le régime. Ceci fait d'eux les meilleurs combattants, et nous devons nous appuyer sur eux pour renverser (le président Bachar) al-Assad", déplore un commandant de l'ASL à Deir Ezzor, se présentant sous le nom d'Abdel Salam Tabsah. Lors d'une récente manifestation dans cette ville, théâtre de combats depuis neuf mois, une douzaine de combattants en noir, le front ceint d'un bandeau avec la profession de foi musulmane et la tête couverte hormis les yeux, ont défilé aux premiers rangs, brandissant leur fusils, dont un M16 avec visée télescopique. Damas accuse notamment l'Arabie saoudite ou le Qatar de financer ces groupes extrémistes. De leur côté, les Etats-Unis ont promis jeudi à l'opposition 60 millions de dollars supplémentaires en équipements non létaux, notamment destinés à l'ASL, force d'opposition armée lancée par des déserteurs. Selon Abdel Salam Tabsah, qui dirige la brigade Ahfad Mohammad, l'une des plus actives de la ville, sur les 1.000 combattants rebelles à Deir-Ezzor, environ 200 sont membres de groupes jihadistes. "Tous ceux qui viennent en Syrie combattre Assad sont les bienvenus (...). Mais les étrangers qui viennent rejoindre le Front al-Nosra sont des extrémistes qui interprètent l'islam de façon erronée" estime-t-il. Ce groupe jihadiste, inconnu avant le début des violences en Syrie il y a près de deux ans, a connu une ascension fulgurante à partir de mi-2012, s'imposant partout comme le fer de lance de la rébellion au détriment de l'ASL. Il a revendiqué des centaines d'attaques et des dizaines d'attentats suicide, ce qui lui a valu d'être placé sur la liste des organisations terroristes par Washington.