L'islamiste jordanien Abou Qatada, que Londres tente d'extrader depuis dix ans, a été arrêté car il est soupçonné de n'avoir pas respecté les conditions de sa liberté conditionnelle, a-t-on appris samedi de sources concordantes. L'interpellation d'Abou Qatada a eu lieu à la veille de l'examen lundi par la Commission spéciale des recours concernant l'immigration (SIAC, instance chargée des dossiers sensibles liés à la sécurité nationale) de l'appel du ministère britannique de l'Intérieur contre sa libération conditionnelle. "Les agents chargés de la surveillance aux frontières ont arrêté un homme de 52 ans résidant dans le nord de Londres, suspecté d'avoir enfreint les conditions de sa liberté conditionnelle", a indiqué un porte-parole du ministère de l'Intérieur, sans préciser son identité. Selon le tabloïd The Sun, le prédicateur radical a été interpellé à son domicile dans le nord de la capitale britannique, où il vit avec sa femme et quatre de ses cinq enfants. Le quotidien publie des photos à l'appui qui montrent le Jordanien quittant sa maison, escorté par "des hommes de l'agence chargée de la surveillance des frontières", "ses mains menottées dissimulées sous un manteau". D'après ce journal, cette arrestation aurait été précédée jeudi par des perquisitions à son domicile, ainsi qu'à plusieurs autres adresses, de l'unité anti-terroriste de Scotland Yard. "Des perquisitions ont été menées dans une habitation du nord-ouest de Londres, une résidence dans l'ouest et dans des bureaux dans le nord-ouest", a indiqué Scotland Yard sans fournir de détails. Abou Qatada, qui tente depuis des années d'échapper à son extradition vers la Jordanie où il doit être rejugé pour préparation d'attentats, est sorti de prison en novembre, un élargissement qui a provoqué un tollé au Royaume-Uni. Dans le cadre de cette libération conditionnelle, il n'est normalement autorisé à sortir qu'entre 08H00 et 16H00. Il doit porter un bracelet électronique, ne pas se servir d'internet et s'abstenir de tout contact avec certaines personnes. La justice britannique avait ordonné sa libération après avoir accepté son appel contre son extradition. Elle avait estimé que des témoignages obtenus sous la torture pourraient être utilisés lors de son procès en Jordanie, empêchant un jugement équitable. La Jordanie veut le rejuger dans deux affaires liées à la préparation présumée d'attentats, qui lui ont valu d'être condamné par contumace dans ce pays à la perpétuité assortie de travaux forcés en 1998, et à 15 ans de prison en 2000. Arrivé en 1993 au Royaume-Uni, Abou Qatada a passé depuis la majeure partie de son temps en prison, sans avoir jamais été inculpé.