La France est prête à "prendre ses responsabilités" et à livrer des armes à l'opposition syrienne, si elle ne parvient pas à convaincre ses partenaires européens, a affirmé jeudi le président François Hollande. "Nous avons comme objectif de convaincre nos partenaires à la fin du mois de mai, et si possible avant. Nous allons employer notre sens de la diplomatie. Si d'aventure, il devait y avoir un blocage d'un ou deux pays, alors la France, elle, prendrait ses responsabilités", a déclaré M. Hollande lors d'une conférence de presse à l'issue de la première journée du sommet européen à Bruxelles. Les 27 ont décidé fin février de proroger les sanctions contre la Syrie, dont l'embargo sur les armes, pour trois mois, soit jusqu'à la fin du mois de mai. Ils ont toutefois levé les restrictions sur la fourniture d'équipements non-létaux et sur l'assistance technique "pour aider l'opposition et protéger les civils". Outre la France, le Royaume-Uni plaide aussi avec force pour la levée de l'embargo sur les armes. "Pour le moment, malgré toutes les pressions, les solutions politiques ont échoué" en Syrie, a noté M. Hollande, à la veille du deuxième anniversaire du déclenchement de la révolte contre le régime de Bachar al-Assad. "Nous devons aller plus loin car depuis deux ans, il y a de la part de Bachar al-Assad la volonté claire d'utiliser tous les moyens pour frapper son propre peuple", a-t-il indiqué. Selon l'ONU le conflit a fait plus de 70.000 morts. "Nous devons aller plus loin car il y a des menaces, des craintes sur l'utilisation des armes chimiques", a-t-il ajouté. Il a aussi souligné que le "régime reçoit des armes malgré des sanctions" alors que l'opposition est "soumise à des règles qui sont celles de l'embargo". "Nous devons trouver un consensus" au niveau européen sur la livraison des armes à l'opposition. "La date limite, c'est le 31 mai mais nous pouvons aller plus vite", a-t-il insisté. Le président français a aussi affirmé que Paris avait "toutes les garanties que les fournitures de matériels pourraient être dans des mains qui ne seraient pas celles du fondamentalisme". "Nous devons apporter non pas simplement une aide matérielle mais un accompagnement, une formation et qu'elle se fera dans des conditions claires , transparentes, sûres", a-t-il ajouté. L'opportunité de lever l'interdiction de fournir des armes à la Syrie fait l'objet de fortes divergences au sein des 27, plusieurs pays ayant mis en garde contre le risque d'une militarisation accrue du conflit, au détriment de la recherche d'une solution politique. La chancelière allemande Angela Merkel a ainsi rappelé la "prudence" de son pays sur cette question. "Nous devons faire attention" à ce que le régime "ne reçoive pas encore plus d'armes de la part de pays" qui le soutiennent, a-t-elle dit lors d'une conférence de presse. "Si des partenaires au sein de l'Union européenne, dans ce cas la Grande-Bretagne et la France, ont une nouvelle évaluation de la situation, les ministres des Affaires étrangères sont prêts à discuter de nouveau de la question", a-t-elle toutefois concédé. Le dossier syrien n'a pas été abordé jeudi soir par les dirigeants européens mais sera à leur agenda vendredi, au second jour du sommet, a précisé M. Hollande.