L'armée égyptienne a appelé à l'unité en Egypte après un coup d'Etat militaire contre le président Mohamed Morsi et l'arrestation de plusieurs dirigeants des Frères musulmans dont il est issu, à l'aube d'une journée de manifestations à l'appel des islamistes. Le coup de force de l'armée ouvre la voie à une délicate transition dans le plus peuplé des pays arabes, où les militaires avaient déjà pris durant 16 mois les rênes du pouvoir à l'issue de la révolte qui avait renversé le président Hosni Moubarak. Si aucune capitale n'a qualifié de "coup d'Etat" la suspension de la Constitution et la nomination d'un président intérimaire par l'armée, Washington a demandé aux nouvelles autorités de ne pas procéder à des "arrestations arbitraires" après un vaste coup de filet contre les plus hauts dirigeants des Frères musulmans. M. Morsi, premier président élu démocratiquement du pays, et sa garde rapprochée sont détenus par l'armée. Le Guide suprême de la confrérie Mohamed Badie a été arrêté pour "incitation au meurtre de manifestants", son numéro 2 Khairat al-Chater est sous le coup d'un mandat d'arrêt et le chef du Parti de la liberté et de la justice (PLJ), vitrine politique du mouvement islamiste, Saad eL-Katatni a également été arrêté. Un haut responsable de l'armée a confirmé la détention "de façon préventive" de M. Morsi, laissant entendre qu'il pourrait être poursuivi, alors que la justice le convoque lundi à un interrogatoire pour "insulte à l'institution judiciaire" et que d'autres charges pourraient être retenues contre lui. Les Frères musulmans ont réagi en dénonçant un "Etat policier", et les islamistes ont appelé à manifester en masse et "pacifiquement" vendredi, faisant craindre un nouveau bras de fer. Des affrontements entre pro et anti-Morsi ont fait jeudi des dizaines de blessés dans le delta du Nil, après plus d'une semaine de mobilisation émaillée de violences ayant fait une cinquantaine de morts. Le ministère de l'Intérieur a averti qu'il répondrait "fermement" aux troubles et des blindés ont été déployés au Caire, notamment aux abords des rassemblements pro-Morsi. Présent à l'un d'eux, Ahmed el-Sayyed, 26 ans, a dénoncé "un coup d'Etat militaire en douceur"."L'armée a été assez habile pour se couvrir avec un habillage civil", a-t-il ajouté, en référence aux manifestations massives contre le président qui ont précédé son éviction. L'armée a appelé à rejeter la "vengeance" et à oeuvrer pour "la réconciliation nationale" après le coup d'Etat qui a mis fin mercredi à un an de pouvoir islamiste, accusé par ses détracteurs de vouloir instaurer un régime autoritaire à son profit.