Les premières négociations lundi entre les islamistes au pouvoir en Tunisie et le puissant syndicat UGTT n'ont donné lieu, selon les intéressés, à aucune percée laissant présager une solution à la crise politique provoquée par l'assassinat d'un opposant fin juillet. "Il y a eu un échange de points de vue mais l'attitude (du parti islamiste Ennahda) n'a pas changé. Peut-être qu'en multipliant les dialogues on aboutira à quelque chose, peut-être à la fin de la semaine", a jugé, après plus de quatre heures de négociations, Houcine Abassi, secrétaire général de l'UGTT. "Nous essayons de faire pression sur les deux camps" l'opposition et Ennahda, a-t-il ajouté. Le chef d'Ennahda, Rached Ghannouchi a souligné à l'issue de sa rencontre avec M. Abassi qu'ils "avaient convenu de poursuivre les concertations le plus vite possible", assurant que la rencontre avait été "positive et constructive". La Tunisie est plongée dans une profonde crise politique depuis l'assassinat, attribué à la mouvance jihadiste, du député Mohamed Brahmi. Une coalition hétéroclite d'opposants demande la démission du gouvernement et la dissolution de la Constituante, qui près de deux ans après son élection n'est pas parvenue à boucler une Constitution. Ennahda de son côté a rejeté ces revendications et propose d'élargir sa coalition avec deux petits partis laïques à d'autres forces ainsi que des élections en décembre. Le syndicat UGTT s'est retrouvé à contrecoeur dans le rôle de médiateur entre Ennahda et l'opposition, après que le président de la Constituante a gelé mardi les travaux de l'assemblée en demandant à la puissante centrale syndicale d'assumer son "rôle historique" en parrainant des pourparlers. L'UGTT, forte de 500.000 membres et capable de paralyser le pays, a jusqu'à présent milité pour la formation d'un gouvernement de technocrates et pour le maintien de la Constituante. Partisans et détracteurs du pouvoir prévoient chacun mardi des grands rassemblements à l'occasion de la journée de la femme.