La coalition au pouvoir en Tunisie, dirigée par les islamistes d'Ennahda, et l'opposition n'ont toujours pas trouvé d'accord pour sortir de la crise politique qui paralyse le pays, a indiqué samedi le médiateur de la crise, le syndicat UGTT. L'UGTT, qui fait la navette entre les deux camps, a soumis samedi à l'opposition une proposition de la "troïka" au pouvoir, et s'apprêtait à remettre à cette dernière celles de l'opposition, a annoncé le chef du syndicat, Houcine Abassi. A l'issue de la rencontre avec le médiateur, un représentant de l'opposition a déclaré qu'ils avaient "répondu aux propositions de la troïka". "Les clés de la sortie de la crise sont dans les mains" du pouvoir, a ajouté Hamma Hammami. Aucun des deux hommes n'a voulu apporter de précisions sur l'offre de l'opposition. M. Hammami a cependant confirmé "les fuites dans les médias" selon lesquelles Ennahda et ses deux alliés laïques ont proposé que le gouvernement actuel démissionne fin septembre à l'issue d'un "dialogue national", pour déterminer la composition du prochain cabinet de et trouver un consensus sur les autres sujets de désaccords, en particulier la future Constitution et la loi électorale. Mais le Front de salut national, l'hétéroclite coalition d'opposition, réclame la démission du gouvernement et la formation d'un cabinet de technocrates comme préalable à toute négociation. Une nouvelle manifestation était prévue samedi après-midi sous la forme d'une chaîne humaine allant de la place du Bardo, où siège la Constituante, à celle de la Kasbah, où se trouve le gouvernement. La Tunisie est plongée dans une profonde crise politique depuis le 25 juillet et l'assassinat, attribué à la mouvance jihadiste, du député d'opposition Mohamed Brahmi. Les travaux de l'Assemblée nationale constituante ont été gelés et Ennahda, après avoir résisté pendant de longues semaines, a admis que le gouvernement d'Ali Larayedh sera forcé de quitter le pouvoir. Ce dernier est accusé d'avoir failli sur le plan sécuritaire face à l'essor de la mouvance jihadiste, mais aussi dans le domaine économique, alors que les revendications sociales étaient au coeur de la révolution de janvier 2011. Le précédent gouvernement dirigé par Ennahda avait été poussé à la démission après l'assassinat en février d'un autre opposant, Chokri Belaïd.