Le président américain Barack Obama a invité le Congrès à reporter le vote sur l'opération militaire en Syrie suite à la proposition de Moscou de placer les armes chimiques syriennes sous contrôle international. "J'ai demandé aux leaders du Congrès de reporter le vote sur le projet de résolution autorisant le recours à la force en Syrie", a déclaré le dirigeant US dans son allocution à la nation diffusée, avant-hier soir. Dans le même temps, le chef de la Maison Blanche a ajouté qu'il avait donné l'ordre à l'armée américaine de rester sur ses positions actuelles et de maintenir la pression sur Assad afin d'être "prête à réagir si la diplomatie échouait". Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a proposé lundi à la Syrie de "placer ses arsenaux chimiques sous contrôle international pour qu'ils puissent être détruits". Cette proposition a suscité une réponse positive de Damas. M. Obama a accueilli favorablement cette proposition, la qualifiant de "développement potentiellement positif".
L'initiative russe permettrait d'éviter une intervention La proposition russe visant à placer les armes chimiques syriennes sous contrôle international pourrait permettre de résoudre la crise sans intervention militaire, a estimé mardi soir le président américain Barack Obama dans son allocution à la nation. "L'initiative russe a le potentiel de résoudre le problème sans recours à la force", a déclaré le chef de la Maison Blanche.
Washington prêt à attendre les conclusions de l'ONU Les Etats-Unis sont prêts à attendre les conclusions des experts de l'ONU chargés d'enquêter sur les cas d'utilisation d'armes chimiques en Syrie, a déclaré le président américain Barack Obama dans son allocution à la nation mardi soir. "Nous donnerons également aux inspecteurs des Nations unies la possibilité de présenter un rapport sur ce qui s'est passé le 21 août dernier près de Damas", a annoncé le numéro un US. Auparavant, la Maison Blanche s'est déclarée prête à lancer des frappes sur la Syrie sans attendre le rapport des experts onusiens en affirmant disposer d'assez de preuves du recours aux armes chimiques par les forces fidèles au gouvernement de Damas.
L'ONU accuse les deux parties de crimes de guerre Des crimes de guerre ont été commis en Syrie par l'opposition armée aussi bien que par les forces fidèles au gouvernement de Damas, rapportaient, hier, les médias occidentaux citant un rapport d'une commission de l'ONU. "Ceux qui ont commis ces crimes ont violé la législation internationale. Ils sont persuadés de leur impunité. Il est nécessaire de les traduire en justice", lit-on dans une déclaration diffusée par la commission avant la présentation du rapport. Le document en question concerne les évènements qui se sont produits en Syrie du 15 mai au 15 juillet 2013.
L'Otan attend des éclaircissements L'initiative russe visant à placer les armes chimiques syriennes sous contrôle international nécessite des éclaircissements, a déclaré, hier, à RIA Novosti un fonctionnaire du siège de l'Otan à Bruxelles, désireux de garder l'anonymat. "Les efforts visant à contrôler et à détruire définitivement les armes chimiques en Syrie sont positifs et nous soutenons l'Onu dans ce domaine, toutefois le détail de ces propositions (russes) n'est pas clair pour le moment", a indiqué l'interlocuteur de l'agence.
Paris veut lancer un ultimatum à Damas Le projet de résolution que la France soumettra au Conseil de sécurité de l'ONU donne 15 jours à Damas pour fournir des données exhaustives sur ses arsenaux chimiques et ouvrir tous les sites concernés aux inspecteurs de l'ONU, rapportent mercredi les médias occidentaux se référant au document. Selon la source, si les autorités syriennes ne se plient pas à ces exigences, le Conseil de sécurité adoptera les "mesures nécessaires sous le chapitre VII de la Charte des Nations unies", qui prévoit la possibilité d'un recours à la force en cas de menaces contre la paix. Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius avait antérieurement déclaré que Paris déposerait un projet de résolution contraignante sous chapitre VII de la Charte de l'ONU exigeant que Damas fasse toute la lumière sur son programme d'armes chimiques et qu'il le place sous contrôle international. Le projet de résolution français condamne l'attaque chimique du 21 août et appelle à condamner ses auteurs devant la Cour pénale internationale. Selon M. Fabius, la résolution prévoit des sanctions extrêmement sérieuses en cas de violation par la Syrie de ses obligations. Moscou a qualifié cette proposition de la France d'inacceptable.
L'Occident de moins en moins belliqueux Le gouvernement britannique n'a pas obtenu le soutien de la chambre des communes sur la question syrienne et les débats au congrès américain comme au parlement français à ce sujet révèlent que les pays occidentaux ne se sont toujours pas remis de la guerre en Irak, a écrit, hier, le quotidien Vedomosti. L'opinion publique, des deux côtés de l'Atlantique, est bien plus froide aujourd'hui qu'elle ne l'était auparavant vis-à-vis des opérations militaires à l'étranger. Les ministres de la Défense, eux, doivent régler un maximum de problèmes avec un minimum de moyens. En Grande-Bretagne le nombre d'unités militaires, qui comptent actuellement 185 000 hommes, sera réduit prochainement à son plus bas niveau depuis 150 ans. A son tour la France compte réduire ses rangs de plus de 30 000 soldats dans les six prochaines années. Le personnel des forces armées est en baisse et représente aujourd'hui moins de 0,5% de la population - l'indice le plus bas depuis plus de 100 ans. Et ceux qui ne travaillent pas en première ligne sont de plus en plus nombreux. Au fur et à mesure que l'armée devient plus coûteuse et technologique, les dépenses pour chaque soldat augmentent considérablement. Le risque d'être blessé ou tué sur un champ de bataille diminue significativement : au Vietnam et en Corée les Américains avaient perdu des dizaines de milliers de soldats. Pendant la première guerre du Golfe, on rapportait 147 morts au combat et moins de 1 000 pendant le conflit irakien de 2003. Aujourd'hui on compte moins de soldats tombés sur le champ de bataille que de militaires qui se suicident ou meurent par accident. L'élimination de l'ennemi par le biais des drones met parfaitement en évidence cette tendance : la guerre, derrière un joystick, n'est pas susceptible d'éveiller un grand esprit combattant. Les généraux craignent que la transformation des opérations militaires en "jeu vidéo" entraîne une diminution du soutien apporté par la société aux militaires et génère de nouvelles réductions du budget de l'armée. Au Royaume-Uni cette pression est encore plus forte. Malgré la situation au Mali, c'est également le sort réservé à la France qui a besoin d'argent. Et même les USA, qui ne lésinent pas sur les moyens, n'y échapperont pas. Après la réduction des dépenses budgétaires de 2,4% prévue par Obama, les fonds de l'armée atteindront leur indice minimal depuis la Seconde guerre mondiale d'ici 2023. Au cours des deux guerres mondiales, le nombre de soldats au Royaume-Uni et aux Etats-Unis représentait presque 10% de la population. Ces guerres habituaient les sociétés aux nouveaux principes d'égalité et rappelaient le rôle de l'Etat comme médiateur dans le secteur de l'industrie lors du développement de la stratégie économique et de la planification. Ces leçons n'ont pas été vaines et ont servi après la guerre pour poser les bases du capitalisme dirigé, pendant les années de l'ascension économique d'après-guerre. Les armées d'aujourd'hui, peu nombreuses, efficaces et coûteuses ont apporté leur contribution à l'apparition d'Etats modernes bien plus craintifs et prudents. Aujourd'hui règne l'inégalité et les "acquis" sociaux des deux guerres mondiales ont été réduits à néant. Au fur et à mesure que l'esprit combattant devient un vestige du passé, on perd non seulement le romantisme de la vie mais aussi les plus grands acquis des Etats du XXe siècle. L'une des plus importantes questions de notre époque est de savoir si nous arriverons à trouver un nouveau fondement pour une politique d'égalité comme à l'époque de l'après-guerre.
Moscou suggère un contrôle des armes chimiques syriennes Moscou propose de placer sous contrôle les réserves d'armes chimiques syriennes, si le pouvoir en place dans le pays l'acceptait. Cette suggestion a été soutenue par de nombreux pays dont les Etats-Unis, selon le quotidien Nezavissimaïa gazeta. "Les autorités américaines veulent étudier attentivement l'initiative de la Russie visant à régler le problème de l'arme chimique syrienne", a déclaré lundi dernier la porte-parole du département d'Etat Marie Harf. Quant au président Barack Obama, il a fixé à Bachar al-Assad un ultimatum d'une semaine pour prendre une décision bien que le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem ait déjà annoncé que les autorités du pays étaient "d'accord avec l'initiative russe" et qu'elles réagissaient ainsi, a-t-il ajouté, "pour couper l'herbe sous les pieds de l'agression américaine". Même si cette initiative était acceptée par tous les intéressés, le problème ne se règlerait pas de lui-même pour autant, affirment les experts. Car contrairement à une cinquantaine d'autres pays la Syrie n'a pas signé la Convention qui interdit de mettre au point, fabriquer, stocker ou utiliser des armes chimiques et contraint les pays qui en détiennent à les détruire. Par conséquent, elle n'a pas rapporté à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) de la Haye le nombre d'armes chimiques qu'elle possède, leur composition, les bases de déploiement et les moyens de sécurité déployés sur le territoire du pays. Selon les renseignements américains, russes et d'autres pays, Damas posséderait près de 1 000 tonnes de produits toxiques militaires. On suppose qu'il s'agit du gaz vésicant ypérite (gaz moutarde) et du gaz neurotoxique soman. Ces informations n'ont jamais été officiellement confirmées. Mais la question n'est pas là. Si la Syrie acceptait de soumettre ses armes chimiques au contrôle international, par qui et comment serait-il supervisé ? Par la Russie, les USA, les pays de l'Otan, les pays arabes, la Chine ? Dans l'exemple du Kosovo, certaines régions avaient été placées sous le contrôle des forces armées d'autres pays. Mais la communauté internationale, divisée sur son approche de la guerre civile et religieuse en Syrie, est-elle prête à un tel accord ? Admettons que tout le monde tombe d'accord et que les armes chimiques syriennes soient sous contrôle. Que faire ensuite ? Il serait nécessaire de construire une usine pour les détruire car il est pratiquement impossible de les enterrer au fond de l'océan ou de les brûler, ou encore les déplacer ailleurs pour les recycler. Selon Alexandre Gorbovski, expert de la Croix verte russe et membre du Conseil international pour la sécurité chimique, la première chose qui devrait être faite par la Syrie si elle voulait placer ses armes chimiques sous le contrôle des forces internationales, c'est de signer la Convention sur l'interdiction des armes chimiques et transmettre, conformément à la procédure, tous les produits toxiques à l'OIAC. Cette organisation serait alors responsable de la protection et du recyclage des poisons - ce fut le cas en Libye lorsque Mouammar Kadhafi avait placé ses armes chimiques (près de 1 000 tonnes) sous la responsabilité de l'OIAC. L'OIAC a transporté ces armes dans un désert et les a progressivement détruites avec un dispositif mobile. Mais il n'y avait pas de guerre civile en Libye à cette époque. L'expert n'a pas expliqué comment il serait possible de le faire dans les conditions du conflit sanglant en Syrie.