La 68e AG de l'ONU sera marquée par la crise syrienne et la présence du président iranien, Hassan Rohani Près de 200 dirigeants mondiaux se retrouvent cette semaine à New York pour une 68e Assemblée générale de l'ONU dominée par le conflit en Syrie et par les ouvertures de Hassan Rohani en direction de l'Occident. Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon veut profiter de la présence attendue d'au moins 131 chefs d'Etat et de gouvernement et 60 ministres des Affaires étrangères pour inciter la communauté internationale à relever «son plus grand défi»: la Syrie. M.Ban recevra à déjeuner mercredi les chefs de la diplomatie des cinq grandes puissances (Etats-Unis, France, Royaume uni, Russie, Chine) et réunira samedi l'Américain John Kerry et le Russe Sergueï Lavrov, dans l'espoir de fixer enfin une date pour une conférence de paix dite de Genève 2. Une réunion est prévue mercredi sur la situation humanitaire critique en Syrie et dans les pays voisins (Liban, Jordanie, Turquie) submergés par le flot des réfugiés. La crise syrienne a connu des rebondissements spectaculaires ces dernières semaines. La menace de frappes militaires imminentes a été écartée, Damas ayant accepté de détruire son arsenal chimique. Mais un rapport de l'ONU confirmant l'utilisation de gaz toxiques près de Damas le 21 août a ravivé les antagonismes: Londres, Paris et Washington accusent le président Bachar al-Assad de ce crime de guerre alors que la Russie dénonce une provocation des opposants au régime. Occidentaux et Russes s'opposent aussi sur les moyens de contraindre la Syrie à appliquer à la lettre le programme d'élimination de ses armes chimiques annoncé le 14 septembre à Genève. Les tractations autour d'une résolution de l'ONU encadrant ce désarmement - que les Occidentaux espéraient boucler avant l'Assemblée - traînent en longueur. Si l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), à qui Damas vient de remettre une liste de son arsenal, donne son feu vert à temps, le Conseil de sécurité pourrait adopter un texte dans le courant de semaine. Par ailleurs, l'Iran tiendra la vedette à l'Assemblée après l'offensive de charme menée par son nouveau président, Hassan Rohani. M. Rohani, qui prononcera son discours demain après-midi, quelques heures après Barack Obama et François Hollande, succède à Mahmoud Ahmadinejad. Depuis sa prise de fonctions le mois dernier, Hassan Rohani a affirmé que la République islamique ne chercherait jamais à se doter de la bombe atomique, ce dont les Occidentaux la soupçonnent. Il a libéré des opposants et proposé de «faciliter un dialogue» entre Damas et l'opposition syrienne. Les Etats-Unis et leurs alliés ont pris bonne note mais restent sceptiques. Il faut s'assurer, expliquent des diplomates à l'ONU, que ces ouvertures ne sont pas tactiques, pour alléger les sanctions qui asphyxient l'économie iranienne, et que M.Rohani a bien voix au chapitre, les décisions essentielles étant du ressort du guide suprême iranien Ali Khamenei. Une première indication pourrait venir d'une réunion ministérielle E3 +3 prévue jeudi en marge de l'Assemblée et réunissant les pays (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume uni, Allemagne) qui négocient régulièrement avec Téhéran sur le dossier nucléaire. Washington n'a pas annoncé, mais n'a non plus exclu, un tête-à-tête Obama-Rohani. Ce dernier rencontrera François Hollande demain. Comme chaque année, l'Assemblée sera l'occasion de passer en revue les points chauds de la planète (Mali/Sahel, Yémen, Libye, République démocratique du Congo, Centrafrique). Le Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, Russie, Union européenne, ONU) devrait tirer un premier bilan de la reprise des pourparlers entre Israël et les Palestiniens, dont le président Mahmoud Abbas rencontrera Barack Obama demain. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui avait fourni l'image choc de l'Assemblée 2012 en brandissant à la tribune un croquis de bombe atomique iranienne, sera le dernier orateur le 1er octobre.