La police a tiré samedi des grenades lacrymogènes pour disperser des militants laïcs réunis devant un tribunal du Caire où Ahmed Maher, une des figures de proue de la révolte de 2011, s'est rendu à la justice, ont indiqué des responsables de sécurité. Le procureur général avait ordonné mercredi l'arrestation de M. Maher, fondateur du 6-Avril, un mouvement laïc de la jeunesse, l'accusant d'avoir organisé la veille une manifestation illégale en vertu d'une loi récemment promulguée qui interdit tout rassemblement n'ayant pas obtenu l'autorisation du ministère de l'Intérieur. Il s'est rendu à la mi-journée à ce tribunal du centre du Caire, entouré de dizaines de militants réclamant la libération de 24 militants arrêtés lors de cette manifestation et d'une autre organisée mardi. "Nous ne partirons pas (d'ici) sans eux!", ont-ils notamment scandé. Cette seconde manifestation mardi a valu à un autre militant en vue, Alaa Abdel Fattah, d'être arrêté avant M. Maher. M. Abdel Fattah, déjà inquiété sous le régime de Hosni Moubarak renversé par une révolte populaire en février 2011 puis sous le pouvoir militaire qui a assuré l'intérim à sa suite, a été arrêté jeudi soir à son domicile, selon son épouse qui a indiqué avoir été "frappée" au cours de cette interpellation musclée. Avec la nouvelle loi encadrant le droit de manifester en Egypte, les autorités installées par l'armée après la destitution du président islamiste Mohamed Morsi ont ouvert un nouveau front dans le pays alors qu'elles sont déjà engagées dans une implacable répression des islamistes qui a fait plus d'un millier de morts à ce jour. Samedi, pour la première fois, un responsable gouvernemental a critiqué cette loi, appelant à réexaminer le texte qui a déclenché une levée de boucliers en Egypte comme à l'étranger, les défenseurs des droits de l'Homme la jugeant liberticide et l'ONU et Washington estimant qu'elle n'était pas conforme aux standards internationaux.