Un vice-Premier ministre égyptien a critiqué la récente loi controversée sur les manifestations, appelant à réexaminer le texte qui interdit tout rassemblement n'ayant pas obtenu au préalable l'autorisation des autorités, dans un entretien publié samedi. Ziad Bahaa ElDin, économiste de formation entré en politique après la révolte qui a renversé Hosni Moubarak début 2011, est une des principales figures des "libéraux" au sein du gouvernement intérimaire nommé par l'armée après la destitution du président islamiste Mohamed Morsi début juillet. Evoquant cette loi, jugée liberticide par les défenseurs des droits de l'Homme en Egypte comme à l'étranger, il s'est dit "personnellement pas satisfait depuis le début". "J'ai encore des réserves sur cette loi, sur la façon dont elle a été proposée et discutée ainsi que sur le moment choisi pour sa promulgation", a-t-il encore déclaré au quotidien panarabe à capitaux saoudien Asharq Al-Awsat basé à Londres. "Ce ne serait pas un mal d'examiner de nouveau cette loi qui a suscité la contestation et ce ne serait pas non plus mauvais d'examiner ce qui devrait être fait pour obtenir un consensus" autour de ce texte, a-t-il poursuivi. Il s'agit de la première critique publique venue d'un responsable gouvernemental de cette loi, que le ministère de l'Intérieur s'est dit à plusieurs reprises déterminés à appliquer "avec fermeté". De fait, des dizaines de militants des mouvements laïcs à la pointe de la révolte de 2011 en ont récemment fait les frais, la police dispersant par la force leurs cortèges et en arrêtant plusieurs dizaines, dont une de leurs figures de proue, Alaa Abdel Fattah. Les partisans de M. Morsi, déjà réprimés dans le sang depuis le début de l'été, sont également tombés sous le coup de cette nouvelle loi lors de leur mobilisation traditionnelle du vendredi, essuyant des tirs de gaz lacrymogènes et près de 200 arrestations à l'issue d'une journée de manifestation.