Le neurochirurgien Alim-Louis Benabid a été distingué lundi par la prestigieuse Fondation américaine Lasker, dont les prix sont considérés comme les "Nobels américains", pour ses travaux novateurs sur la maladie de Parkinson. Le prix spécial Albert Lasker en science médicale a été par ailleurs remis à la généticienne américaine Mary-Claire King pour l'ensemble de sa carrière et plus particulièrement sa découverte du gène BRCA1, responsable de certains cancers du sein. Le professeur Benabid, membre de l'Académie des Sciences, partage le prix de la recherche médicale avec le neurologue américain Mahlon DeLong pour leur mise au point de la technique dite de Stimulation cérébrale profonde (SCP). Cette intervention chirurgicale permet de réduire les troubles moteurs d'un malade atteint de Parkinson en implantant des électrodes pour stimuler un noyau profond du cortex cérébral. "Les travaux des professeurs DeLong et Benabid ont permis d'améliorer la vie de plus de 100.000 patients à travers le monde ayant subi cette intervention chirurgicale", explique la Fondation sur son site internet. Affection neurologique chronique due à un manque de dopamine dans le cerveau, la maladie de Parkinson affecte surtout le contrôle des mouvements. C'est la deuxième maladie neurodégénérative après celle d'Alzheimer et la deuxième cause de handicap moteur après les accidents vasculaires cérébraux. Le professeur Benabid a été chef du service de neurochirurgie de l'hôpital universitaire de Grenoble de 1989 à 2007. En 2009, il fonde le centre de recherche biomédicale CLINATEC à Grenoble qui regroupe une centaine de chercheurs spécialisés dans les maladies neurodégénératives. La ministre de la santé Marisol Touraine a adressé ses félicitations au Pr Benabid, soulignant que les médecins exploraient également "le bénéfice potentiel" de la stimulation cérébrale profonde dans d'autres maladies neurologiques. "La récompense attribuée au Pr Alim Louis Benabid confirme la qualité exceptionnelle de la recherche médicale française, en particulier dans le domaine de la neurochirurgie" ajoute-t-elle dans un communiqué. Mary-Claire King a été distinguée quant à elle pour "ses contributions courageuses, imaginatives et variées à la recherche médicale et aux droits de l'Homme", affirme la Fondation Lasker sur son site. La généticienne a profité de l'occasion pour plaider pour la généralisation des tests génétiques à toutes les femmes, afin de prévenir les cancers héréditaires. "Après avoir travaillé pendant 20 ans auprès de familles dont les mutations des gènes BRCA1 et BRCA2 les prédisposent à des cancers, je pense qu'il est temps de proposer des tests génétiques à toutes les femmes âgées de 30 ans lors de consultations de routine", écrit la scientifique dans le Journal of the American Medical Association. "Se rendre compte qu'une femme est porteuse d'un cancer, une fois que la maladie s'est déclarée, est un échec de la prévention médicale", écrit Mme King, professeur de génétique à l'université de la Washington School of Medicine à Seattle. La double mastectomie préventive de l'actrice Angelina Jolie avait attiré l'attention sur cette mutation héréditaire de ces deux gènes. Entre une Américaine sur 300 et une Américaine sur 500 seraient porteuses de cette tare génétique. Cela signifie qu'il y a "entre 250.000 et 415.000 femmes adultes pour qui les risques d'avoir un cancer des ovaires et des seins sont hautement probables mais potentiellement évitables", affirme la scientifique. Le cancer du sein touche environ 12% des femmes, mais parmi les femmes qui héritent de la mutation du BRCA1 et BRCA2, 45 à 65% développent un cancer avant 70 ans. Mary-Claire King est également reconnue pour ses recherches sur l'ADN mitochondrial --l'héritage génétique qui provient presque exclusivement de la mère-- qui ont permis l'identification de plus d'une centaine d'enfants kidnappés par les militaires lors de la dictature en Argentine. Parmi les autres lauréats se trouvent Kazutoshi Mori de l'université de Kyoto et Peter Walter de l'Université de Californie à San Francisco pour leurs recherches sur le repliement de protéine. Biographie Alim-Louis Benabid est né le 2 mai 1942 près de Grenoble, fils d'un médecin algérien originaire de Bordj Zemoura. Il est docteur en médecine depuis 1970 et docteur en sciences physiques depuis 1978. Il a été professeur de biophysique à l'Université Joseph Fourier de 1989 à 2004, chef du service de neurochirurgie du centre hospitalier universitaire de Grenobleet directeur de l'unité « Neurosciences précliniques » de l'INSERM. Depuis septembre 2007, il est Professeur émérite de biophysique à l'université Joseph Fourier et Conseiller scientifique au CEA (DRT). Il est Chevalier de la Légion d'honneurdepuis le 31 décembre 2001, et membre de l'Académie des Sciences depuis le 19 novembre 2002 1. Ses travaux ont donné lieu a de nombreuses publications scientifiques. Il est membre de la Société de neurochirurgie de langue française, de l'European Society for Stereotaxy and Functional Neurosurgery, de la Society for Neurosciences, de la Société de biophysique, de la Société française de neurosciences, de laSociety for Movement Disorders, de l'American Association of Neurological Surgeons et du Congress of Neurological Surgeons'1'.