L'Algérie va revoir la formation de ses imams pour s'immuniser contre l'intégrisme, a annoncé le ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, cité mercredi par la presse. "Un institut à double tutelle, Enseignement supérieur et Affaires religieuses, sera créé à la prochaine rentrée universitaire pour la formation des imams", a annoncé Mohamed Aïssa au quotidien El Watan.
Selon lui, "tout détenteur d'un diplôme supérieur en sciences islamiques ne peut prêcher dans nos mosquées qu'après avoir suivi une formation qui dure un semestre suivi d'un examen". L'Algérie compte, a-t-il précisé, 23.000 cadres religieux pour 17.000 mosquées. Ce pays, qui envoie notamment des imams en France placés sous le contrôle de la Grande mosquée de Paris, "ne veut surtout pas renouer avec l'aventure" des années 90, a insisté M. Aïssa qui veut "dépoussiérer" l'islam. L'Algérie est "très proche de l'Europe", elle a été "fortement influencée par l'Andalousie" et elle a "accueilli ceux qui ont été harcelés par l'Inquisition en Espagne", a encore dit le ministre. Il a outre estimé que l'importation de pratiques religieuses "propres aux pays du Golfe" avait engendré en Irak le groupe sunnite ultra-radical de l'Etat islamique (EI), qui sème la terreur dans les territoires qu'il a conquis, décapitant notamment des étrangers. Après sa nomination en avril, M. Aïssa s'est engagé à lancer une campagne de civisme et de combat contre la violence avec comme objectif "de parvenir à une société de tolérance religieuse". Il avait récemment plaidé pour la réouverture des synagogues en Algérie déclenchant des réactions hostiles des milieux islamistes. Le cheikh d'al-Azhar en Egypte, l'une des plus prestigieuses institutions de l'islam sunnite, avait qualifié début septembre les jihadistes de l'EI de "criminels qui souillent l'image de l'islam et des musulmans".