Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a poursuivi hier au Caire sa tournée moyen-orientale pour rallier des soutiens à la «coalition antijihadiste» John Kerry a affirmé hier que l'Egypte était en première ligne dans la lutte antiterroriste, à la dernière étape de sa tournée régionale destinée à recueillir le maximum de soutiens pour combattre les jihadistes en Syrie et en Irak. Alors que les Etats-Unis s'activent pour mettre en place une coalition internationale visant selon le président Barack Obama à «affaiblir» puis à «détruire» les jihadistes de l'Etat islamique (EI), M. Kerry achevait hier au Caire une mission qui l'a mené à Baghdad, Amman, Jeddah en Arabie saoudite, et Ankara. Il devait se rendre ensuite à Paris où il participera demain à une conférence internationale sur l'Irak axée sur la lutte contre la menace grandissante de ce groupe extrémiste sunnite qui occupe de larges pans de territoire en Irak et en Syrie où il se livre à de multiples exactions -viols, exécutions, persécutions. Après avoir rencontré le président égyptien Abdel Fatah al-Sissi et le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil al-Arabi, M. Kerry a souligné le rôle essentiel de l'Egypte dans la lutte contre l'EI. «En tant que capitale intellectuelle et culturelle du monde musulman, l'Egypte a un rôle critique à jouer, en dénonçant l'idéologie que (l'EI) répand», a-t-il dit, en soulignant l'importance de la prestigieuse institution de l'islam sunnite, Al Azhar, dans cette lutte. Dans la pratique, selon un diplomate américain, Washington souhaiterait que les institutions religieuses en Egypte «se prononcent contre l'EI et en parlent dans leurs prêches du vendredi» dans les mosquées. L'Egypte figure parmi les dix pays arabes qui ont donné, lors d'une réunion jeudi à Jeddah avec M. Kerry, leur engagement, y compris éventuellement militaire, à la coalition antijihadistes. Elle ne devrait pas néanmoins participer militairement à cette coalition. «L'Egypte est en première ligne dans la lutte contre le terrorisme, en particulier en ce qui concerne la lutte contre les groupes extrémistes dans le Sinaï», a dit M.Kerry, en allusion aux attaques de groupes liés à Al Qaîda contre les forces de sécurité dans cette péninsule de l'est égyptien. Le secrétaire d'Etat a aussi affirmé avoir eu «une discussion franche» avec M.Sissi au sujet des droits de l'Homme, excluant tout marchandage sur cette question. Washington tout en exprimant régulièrement son «effroi» sur le bilan des droits de l'Homme dans ce pays où le pouvoir est accusé de réprimer tout type d'opposition, laïque comme islamiste, défend aussi son alliance militaire avec cette pièce maîtresse de la diplomatie américaine dans le monde arabe depuis des décennies. La veille en Turquie, M. Kerry a été moins productif, Ankara refusant de participer militairement à la coalition, redoutant de mettre en péril la vie de ses 46 ressortissants retenus par les jihadistes dans le nord de l'Irak. Après de longues hésitations, le président américain Barack Obama, acculé à agir après la décapitation par l'EI de deux journalistes américaines enlevés en Syrie, a exposé le 10 septembre sa stratégie pour «affaiblir et, à terme, détruire» ce groupe. Il a annoncé une extension de la campagne aérienne américaine en Irak, où 1.600 militaires américains seront déployés au total pour appuyer les forces armées irakiennes, en termes d'équipements, de formation et de renseignements. M. Obama s'est aussi dit prêt à frapper l'EI en Syrie et s'est engagé à doper l'aide militaire aux rebelles syriens modérés qui combattent à la fois le régime et l'EI. Dans cette «guerre» contre l'EI, comme l'a désignée la Maison Blanche, le général à la retraite John Allen, homme-clé des guerres en Irak et en Afghanistan, a été désigné comme coordonnateur de la future coalition. La conférence sur l'Irak à Paris, en présence d'une vingtaine de pays, devra permettre «à chacun d'être beaucoup plus précis sur ce qu'il peut ou veut faire» dans le cadre de cette coalition, a indiqué un diplomate. Mais «on ne va pas dire qui va frapper, où et à quel moment». Pour préparer cette réunion, le président français François Hollande s'est rendu vendredi en Irak où il a promis d'aider «encore davantage militairement» ce pays, dont les troupes mal entraînées ne parviennent pas à faire face aux jihadistes et bénéficient de l'aide des combattants kurdes et chiites, outre le soutien aérien américain.