La scène remonte au 20 décembre 2012. François Hollande effectue une visite officielle en Algérie. Au programme : panser les plaies du passé, relancer les échanges économiques et adresser un message d'espoir à la jeunesse algérienne. Les échanges portent également sur le Mali dont tout le nord, qui partage une frontière avec l'Algérie, est alors aux mains de groupes djihadistes. Trois semaines plus tard, la France lançait son opération Serval. « Nous n'en étions pas encore à l'intervention militaire mais nous avons transmis notre grande inquiétude au président Abdelaziz Bouteflika, se rappelle un diplomate français. Et là, il nous surprend. Le problème pour l'Afrique, nous dit-il durant le tête-à-tête présidentiel, ce n'est pas le Mali c'est Boko Haram. On est tombé de haut », ajoute notre interlocuteur. « Pour nous c'était une histoire de secte au Nigeria, sans plus. On ne l'a pas vraiment pris au sérieux. » Deux ans et plusieurs milliers de morts plus tard, une mobilisation internationale se met enfin en place pour tenter d'éteindre l'incendie Boko Haram qui, comme le prévoyait le président algérien, n'a fait que se propager. Par Christophe Châtelot/ Le Monde.fr