La question de Boko Haram a pris des allures internationales avec l'aide de pays étrangers à la première puissance économique d'Afrique pour combattre une secte qui a muté en une organisation terroriste transfrontalière. Le développement exponentiel de Boko Haram qui a pris racine dans le nord du Nigeria a fini par poser des problèmes d'insécurité dans les pays limitrophes. Et son expansion aussi bien à l'intérieur du Nigeria qu'à l'extérieur est imputée par les observateurs à la gestion "approximative" quand elle n'est pas brutale du phénomène. La menace du groupe terroriste se complique au fur et à mesure que se rapprochent les échéances électorales nationales (législatives et présidentielle), très compétitives, prévues pour 2015. Pour les spécialistes, des circonstances de gouvernance aggravantes ont contribué à l'émergence d'un tel groupe terroriste. La faillite du développement économique, le taux élevé de chômage chez les jeunes, l'absence d'industrie dans le nord du Nigeria, l'offre limitée d'opportunités dans l'éducation et la formation ainsi que le faible accès à la gestion politique et participative constituent un terreau fertile dans lequel les groupes extrémistes prospèrent. Les motivations de l'insurrection djihadiste sont variées : la tendance lourde par "conviction" religieuse, alors que d'autres ont enfourché le cheval de la charia pour des opportunités d'enrichissement au travers de trafics de toutes sortes et de la grande criminalité. Boko Haram, comme ses pairs djihadistes des autres régions, se caractérise par ce mélange d'intérêts entre violence islamiste et grand banditisme. Par ailleurs, les frustrations nées de partages et de répartitions inégales de la rente pétrolière expliquent pourquoi des couches de la société dans le Nord deviennent des sympathisants du groupe djihadiste, fournissant renseignements et assistance logistique. Le phénomène est connu. Et le tout sécuritaire adopté par les autorités de l'Etat fédéral a encore exacerbé le divorce pouvoir-population du Nord, au point où l'armée nationale est perçue dans cette partie du Nigeria comme une force d'occupation. Le débordement de Boko Haram a fini par mettre en péril le pouvoir d'Abuja qui s'est tourné vers l'étranger, lequel a également observé ces derniers temps que la secte ne relevait plus d'une simple crise interne, maîtrisable en interne, et qu'il prenait de l'envergure en international. L'impact négatif de Boko Haram s'est fait ressentir dans le Cameroun septentrional, dans les pays du lac Tchad où les activités touristiques ont sombré, sans exclure les rapprochements potentiels avec d'autres groupes terroristes, tels que l'Aqmi dans le Sud libyen, le Mujao au Nord Mali et les Shabaab en Somalie. Les djihadistes du Nigeria inscrivent désormais leurs actions dans le projet de terre du djihad allant de la côte atlantique à la mer Rouge. La France, dont le président François Hollande a recontextualisé le rôle de "gendarme" en Afrique, a tiré la sonnette d'alarme avant tout le monde. Lors d'un sommet international organisé à Paris le 17 mai par le président français, les présidents Paul Biya du Cameroun et Goodluck Ebele Jonathan du Nigeria, de concert avec leurs homologues Idriss Deby du Tchad, Yayi Boni du Bénin et Mohamadou Issoufou du Niger, ont déclaré une "guerre sans merci" à Boko Haram. En soutien, la Grande-Bretagne, le Canada mais aussi les Etats-Unis ont pris l'engagement de soutenir les efforts des pays de la région par des troupes et des experts avec un matériel militaire lourd. D. B. Nom Adresse email