Dès le départ de la guerre en Libye menée par l'Otan pour chasser Kadhafi, les pays frontaliers avaient alerté que les conséquences seraient aussi dramatiques pour eux. Trente et une personnes ont été tuées et plus d'une centaine d'autres ont été blessées samedi à Benghazi dans des affrontements entre une brigade d'ex-rebelles et des manifestants, selon un nouveau bilan rapporté hier par l'agence libyenne Lana. "Trois personnes ont succombé à leurs blessures dimanche matin, portant le bilan des affrontements à 31 morts", a indiqué une source de l'hôpital Al-Jalaa de Benghazi, citée par Lana. Un précédent bilan faisait état samedi soir de 28 morts et de près de 60 blessés. Des dizaines de manifestants "anti-milices", dont certains armés, ont tenté samedi de déloger la brigade "Bouclier de Libye" de sa caserne, provoquant un affrontement entre les deux groupes qui ont fait usage d'armes de différents calibres. Pourtant, la brigade "Bouclier de Libye", formée d'anciens rebelles ayant combattu le régime de Mouammar Kadhafi en 2011, relève formellement du ministère de la Défense. Les autorités libyennes, qui peinent à former une armée et une police professionnelles, ont régulièrement recours à ces ex-rebelles pour sécuriser les frontières ou s'interposer dans des conflits tribaux. Et toute cette insécurité fait le lit de l'islamisme radical dans le pays. En effet, après l'opération Serval au Mali et la dispersion des djihadistes qui ont échappé à la traque des troupes françaises et tchadiennes, le sud de la Libye pourrait bien devenir le nouveau front de la guerre contre le terrorisme d'Aqmi. Le président tchadien met de nouveau en garde contre l'afflux de djihadistes venus du Mali, redoutant une déstabilisation dans son propre pays. La situation est identique au Niger également frontalier de la Libye et où l'islamisme est déjà passé aux actes à plusieurs reprises. Pour les pays frontaliers de la Libye, l'évolution de la conjoncture au Sahel n'est pas une surprise. Dès le départ de la guerre en Libye menée par l'Otan pour chasser Kadhafi, ils avaient alerté que les conséquences seraient aussi dramatiques pour eux. Les auteurs de ces mises en garde ont même été accusés de pro-Kadhafi. Visiblement, les djihadistes ont l'air de s'être reformés dans le Sud libyen après leur défaite au Mali. Maintenant ils ont une base, le Sud, voire la Libye tout entière, et des armes à profusion puisés dans les arsenaux de Kadhafi. L'Aqmi et ses métastases ne se cachent même plus et disent qu'ils imposeront la charia en Afrique. Ils ont des camps d'entraînement dans le Djebel Akhdar et des brigades des supplétifs se constituent à Benghazi, Tripoli, à Sebha, au vu et au su de tout le monde. La situation évolue de la façon la plus négative pour la Libye, au point où la France a proposé son aide à ses autorités officielles. Si le gouvernement libyen le demande, Paris se dit prêt à intervenir, à continuer l'opération déclenchée au Mali en début d'année. François Hollande, le président français, a lui-même déclaré récemment que sa guerre au Mali vient de Libye et qu'elle se reconstitue en Libye. Divers sources ont établies des liaisons en cours entre les djihadistes du Sud Libyen avec Boko Haram au Nigeria et les groupes dans le nord du Niger. N'djamena et Niamey, premiers menacés, sont d'autant en alerte que la Libye est vraiment au bord de l'explosion. D. B Nom Adresse email