Les maçons, les constructeurs ou « Ezzouwafra » (les ouvriers) gagnent autant sinon plus que les ministres. Il dépense comme un riche et épargne comme un pauvre. Cette frange de la société qui représente 50% de la main d'œuvre algérienne vie sans assurance, aucun droit au crédit logement, aucun projet les concernant n'est au programme du gouvernement. Qu'en est-il de leurs souffrances ? Récemment, des centaines de syndicats de travailleurs de différents secteurs sont sortis dans les rues, revendiquant une amélioration de leurs vies et de leurs pouvoirs d'achat. Des plus petits fonctionnaires ou employés aux hauts cadres de l'état réclament une augmentation de leurs salaires et de meilleures conditions de travail et de vie. Tout cela se passe devant le regard de cette catégorie, celle des ouvriers qui travaillent dans le marché noir. « Ezzouafra », loin des coulisses de la politique La catégorie des « Ezzouwafra » semble être à l'écart des évènements et des changements et améliorations que connaît l'administration algérienne mais qui ne les concernent en aucun cas. Ils ne sont concernés par rien, ni les augmentations des salaires, ni l'amélioration des conditions de travail, ni ne sont concernés par les crédits logement ou autres car ne remplissant pas les conditions exigées par les institutions de l'état et les banques. Beaucoup de jeunes chômeurs, de milieu pauvre, s'aventurent dans ce créneau comme premier pas pour al construction de leur avenir, nous confie Karim. Il faut reconnaître que les gains sont importants pour les plus chanceux qui arrivent à se faire un capital et engager dans d'autres projets. Si le maçon était stable, il gagnerait plus qu'un ministre Les dépenses d'un maçon, vivant loin de son domicile, dépassent de loin le SMIG. Celui-ci doit d'abord subvenir aux besoins de sa famille qu'il a laissé ailleurs dans une autre ville du pays, et avoir un budget spécialement pour lui, dépenses quotidiennes, location, transport etc. Sofiane nous dit que le maçon plâtrier fait beaucoup de jaloux, vu se qu'il gagne en une journée et qui peut atteindre les 2 millions de centimes. Les carreleurs et autres poseurs de dalles de sol gagnent aussi presqu'autant, ce qui laisse dire que ces derniers ne changeraient pas leur métier pour tous l'or du monde. Le maçon jouis d'une liberté totale, contrairement aux travailleurs des autres secteurs. Il est maitre de sa personne, décide de ses vacances, rejoint sa famille quant il veut, revient au travail quand il veut. Personne ne l'oblige à faire ceci ou cela. Alors, si le maçon gagne bien sa vie, comment se fait-il alors qu'on le voit autrement. Djamel nous dit que la marginalisation administrative est la cause principale car le maçon est classé dans la catégorie des activités de marché noir. Ses droits sont bafoués et il ne bénéficie par d'une assurance. Son argent est vite dépensé car, plus il gagne, plus il dépense. Les Zwafras, entre la marginalisation sociale et administrative Nos souffrances sont surtout dues à la marginalisation administrative et sociale, nous confie Aïssa. Aucun responsable n'a fait un geste envers nous, ni personne n'en parle bien que nous représentons une frange assez importante dans le pays. On ne parle ni de notre état actuel ni de notre avenir. Beaucoup ont été victime de cette profession qui leur assurait le pain quotidien, car elle ne demande ni registre de commerce ni documents, ni diplôme ni expérience. C'est pour cette raison qu'elle est très sollicitée par la classe des pauvres. Pourquoi l'état n'essaye-t-il pas de régulariser la situation de cette catégorie (assurance sociale etc.) Beaucoup d'ouvrier dans le secteur du bâtiment essayent d'avoir une assurance à l'instar des travailleurs des autres secteurs. Mais comme ils travaillent de façon irrégulière, l'intervention de l'état serait nécessaire afin de mettre fin à leurs souffrances.