PARIS - L'ancien préfet français Jean Vaujour, un des derniers grands témoins du déclenchement de l'insurrection algérienne à la Toussaint 1954 puisqu'il était alors directeur de la Sûreté générale à Alger, est décédé le 28 mars à l'âge de 95 ans, a annoncé sa famille. * * Jean Vaujour avait témoigné dans un livre intitulé "De la révolte à la révolution" (Albin Michel, 1985) de l'"immobilisme" du gouvernement français qui ne prêtait pas une attention suffisante à ses rapports sur les nationalistes algériens. * Il avait en effet infiltré le mouvement nationaliste en 1954, année du déclenchement de l'insurrection (1er novembre), avertissant régulièrement Paris de l'imminence de troubles. * Comme Paul Delouvrier dont il fut un collaborateur proche dans les années 60, Jean Vaujour était né en 1914, à Tulle (centre). En 1942, il s'engage dans les Forces Françaises de l'Intérieur (FFI), assurant le départ pour Londres des personnalités qui rejoignent la France Libre. Il gagnera à son tour Alger après un internement en Espagne en juin 1944. * Sous-préfet de Mulhouse (est) à la Libération, il est ensuite nommé directeur de la Sûreté générale en Algérie en juin 1953. A ce poste qu'il occupera jusqu'en juillet 1955, il sera un témoin privilégié du début de la guerre d'Algérie (1954-1962). * Dans des entretiens réalisés en 2000 pour le Service historique de l'armée de terre, Jean Vaujour avait notamment affirmé que la poursuite de la guerre d'Algérie était due à la volonté du général de Gaulle d'effectuer des essais nucléaires à Reggane dans la Sahara algérien (premier tir le 13 février 1960), pour doter la France de l'arme nucléaire. * Retourné à Paris, comme conseiller technique au cabinet du ministre de l'Algérie (1955), M. Vaujour sera directeur général de la Sonacotra (logements pour travailleurs maghrébins) avant de revenir à Alger quelques mois en 1960 comme directeur du cabinet civil et militaire de M. Delouvrier, délégué général du gouvernement en Algérie. * Après avoir terminé sa carrière préfectorale il avait rejoint l'industrie privée. *