Aqmi n'a pas de soutien populaire significatif et n'a pas de capacité de nuisance à même d'inquiéter le gouvernement algérien. Fini le temps où la simple évocation du mot Al Qaïda faisait trembler le gouvernement algérien. Selon le dernier rapport du département d'état américain, l'Algérie n'est plus inquiétée dans la mesure où cette organisation transnationale n'a plus de soutien populaire. «Les succès de la lutte antiterroriste des services de sécurité algériens, combinés avec le refus du terrorisme exprimé par les populations semblent avoir réduit l'efficacité d'Al Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi) durant ces deux dernières années» lit-on dans ce rapport publié avant-hier sur le site du département d'état. C'est durant ces deux dernières années justement que les services de sécurité algériens ont décidé de renforcer leurs effectifs par le recrutement de 100.000 nouveaux éléments, entre gendarmes et policiers. L'opération a permis une présence sécuritaire plus accrue au niveau des grands centres urbains, des aéroports, des structures et institutions sensibles et des frontières. «L'initiative était efficace dans la réduction de l'impact d'incidents terroristes et a aussi démontré la détermination du Gouvernement de l'Algérie de lutter contre le terrorisme», a souligné le rapport américain. Et comme preuve supplémentaire de cette détermination à extirper les racines du terrorisme, le document américain a rappelé que l'Algérie a accueilli en août dernier la réunion des chefs d'état-major militaires du Mali, de la Libye, la Mauritanie et du Niger. Cette réunion capitale des pays du Sahel, visait en fait à développer une stratégie de contre-terrorisme régionale et établir un centre régional à Tamanrasset. Toujours sur la liste des points positifs à l'actif de l'Algérie dans la lutte contre le terrorisme, le rapport a mentionné celui des rançons: «Sur le plan international pour condamner le paiement des rançons aux terroristes.» Ce n'est pas un scoop médiatique que de dire que la situation sécuritaire en Algérie a été marquée par une diminution dans le nombre d'attaques des terroristes. Cela, même si les islamistes armés sévissent encore contre des populations isolées. Le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc), devenu Al Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi) depuis qu'il avait officiellement fait allégeance à Al Qaïda en 2006, «a été acculé à recourir aux enlèvements pour la rançon et les opérations développées contre les Occidentaux dans la région Sahel», a rapporté le document américain dans sa partie réservée au terrorisme en Afrique du Nord. «Les opérations de contre-terrorisme du gouvernement algérien, qui ont inclus une présence de sécurité augmentée et le démontage de nombreux réseaux de soutien et de recrutement, ont amenuisé la capacité d'Al Qaïda à commettre des attaques notamment, dans les villes importantes de l'Algérie», nous apprend le département d'Etat se réjouissant qu'«il n'y avait aucun attentat suicide après le mois de mars». Plus encore, le Ramadhan 2009 a été presque «silencieux». Pourtant, cette période est réputée propice aux attaques terroristes et au Djihad. Mais Al Qaïda n'a pas pour autant disparu totalement du paysage sécuritaire algérien. Aqmi a commis des attaques mortelles en ayant recours à des embuscades et aux bombes artisanales. «Ces opérations sont particulièrement fréquentes dans la région de Kabylie à l'est d'Alger» écrit le rapport qui a rappelé dans ce sens que l'année 2009 a été ponctuée par des attentats meurtriers. On y trouve, notamment l'attaque du 9 mars dernier quand deux personnes ont été tuées lors de l'attentat kamikaze contre un poste de la garde communale à Tadmaït en Kabylie, 70 km à l'est d'Alger. Il y a eu l'attaque, le 17 juin, contre un véhicule de police accompagnant des ouvriers chinois à un site près de Bordj Bou Arréridj qui a coûté la vie à 18 policiers. Le 22 octobre 2009, les terroristes ont tué sept personnes et blessé trois éléments des services de sécurité accompagnant des ouvriers d'une société canadienne. «La majorité de ces attaques se sont produites dans des zones isolées», affirment les Américains estimant que «Aqmi n'a pas de soutien populaire significatif et n'est pas évaluée comme assez forte pour déstabiliser le gouvernement algérien». Pour le département d'état, ces attaques «cherchent en premier lieu à décourager les investisseurs étrangers à s'installer en Algérie». Etouffée, acculée, Al Qasîda n'a d'autre solution pour survivre que de recourir à des actes de grand banditisme comme les faux barrages et les enlèvements sur des routes isolées. «En plus du fait de dépendre étroitement de l'argent provenant des rançons surtout dans le Sahel, Al Qaïda est également financée par les contrebandiers et les trafiquants de drogue qui pullulent au Sahel», indique le rapport américain qui conclut sur une remarque qui sous-tend une recommandation: «Les forces de sécurité algériennes doivent constamment s'adapter à la tactique changeante d'Aqmi et doivent admettre qu'une organisation qui a été essentiellement une menace locale a désormais une portée régionale et qui a des liens internationaux.» Au plan international, le document du département d'Etat estime qu'Al Qaïda reste une menace. «Le noyau d'Al Qaïda au Pakistan constitue toujours la principale menace terroriste pour le territoire des Etats-Unis et la présence d'Al Qaïda en Afrique représente un défi pour de nombreux pays», estime le département d'Etat. Le nombre d'attaques terroristes perpétrées dans le monde et le nombre de victimes en 2009 sont à leurs plus bas niveaux depuis quatre ans. Des extrémistes ont mené 10.999 attaques dans le monde en 2009, tuant 14.971 personnes, selon le même rapport.