TRIPOLI- Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a invité vendredi ses partisans à "se battre" pour "vaincre" les protestataires assurant qu'il leur ouvrirait les dépôts d'armes s'il le fallait, au 11e jour de révolte dans son pays, selon des images diffusées par la télévision d'Etat. Un bandeau sur la télévision d'Etat affirmait "en direct". "Préparez-vous à défendre la Libye (...) Nous allons nous battre et nous les vaincrons", a lancé M. Kadhafi à plusieurs centaines de ses partisans, à la tombée de la nuit. "S'il le faut, nous ouvrirons tous les dépôts d'armes pour armer tout le peuple", a-t-il ajouté, depuis les remparts du fort ottoman qui surplombe la place Verte. "Nous sommes prêts à faire face à toute offensive, je suis venu ici pour vous saluer et saluer votre courage, nous allons leur répondre", a-t-il encore dit. "Je ne suis ni président ni roi, je n'ai aucune fonction mais ce peuple m'aime", a assuré le dirigeant libyen, un micro à la main, portant une chapka et un manteau noir. "Regarde Europe, regardez Etats-Unis, le leader est au milieu du peuple", a-t-il lancé. "La vie sans dignité n'a aucune valeur, la vie sans drapeaux verts n'a aucune valeur", a-t-il dit, ajoutant : "Chantez, dansez et préparez-vous". Alors que le "Guide" brandissait régulièrement le poing vers la foule, ses partisans agitaient le drapeau vert de la Libye et brandissaient des portraits du colonel Kadhafi. Ils scandaient "N'ayez pas peur pour la Libye, tant que Kadhafi s'y trouve" et "Dieu, Mouammar, Libye et c'est tout". "Vous aimez la Libye, vous aimez le leader, donc défendez-les", avait déclaré auparavant un pro-Kadhafi dans un haut-parleur. "Nous avons des chaînes satellitaires étrangères avec nous. Montrez-leur que nous aimons Mouammar Kadhafi", a-t-il ajouté. A la fin de son discours de quelques minutes, M. Kadhafi a lancé des baisers à la foule. Il s'agissait de la troisième intervention du colonel Kadhafi depuis le début de l'insurrection dans le pays, le 15 février, mais la première devant la foule. Jeudi, il avait pris la parole, lors d'un message audio diffusé par la télévision libyenne, pour la deuxième fois en 48 heures pour fustiger les contestataires et avait accusé Al-Qaïda d'être derrière les insurgés. Mardi dans une allocution télévisée il avait appelé la police et l'armée à reprendre la situation en main, menaçant tout manifestant armé de la "peine de mort" et évoqué une possible "boucherie". Auparavant dans la nuit de lundi à mardi, la télévision avait montré le colonel Kadhafi, en manteau, s'apprêtant à monter dans une voiture, un parapluie à la main, devant sa maison dans la résidence-caserne de Bab Al-Aziziya. "S'il n'avait pas plu, je me serais adressé aux jeunes sur la place verte et j'aurais passé la nuit avec eux pour leur prouver que je suis toujours à Tripoli", avait-il affirmé selon l'agence officielle Jana. La contestation, débutée le 15 février, s'étend de l'ouest de Tripoli à Benghazi, à 1.000 km à l'est de la capitale, dans des villes côtières ou proches des côtes de la Méditerranée, l'immense majorité du pays, à 93% désertique, étant épargné par les combats. Vendredi, les forces loyales au régime libyen de Mouammar Kadhafi ont tiré sur des manifestants à Tripoli faisant au moins deux morts, après la prise de contrôle de l'Est du pays par l'opposition.