Un séisme de magnitude 8,9, le plus violent jamais enregistré au Japon, et un tsunami avec des vagues de dix mètres de haut ont frappé vendredi le nord-est de l'archipel, faisant des centaines de morts, probablement plus de mille selon une agence de presse. Les télévisions japonaises diffusaient des images de bateaux retournés, de voitures et de maisons emportées par des torrents de boue et de débris qui ont déferlé dans les artères des localités sur la côte Pacifique. A certains endroits, le flot a pénétré jusqu'à cinq kilomètres à l'intérieur des terres. Sur les images enregistrées par les caméras installées dans les bureaux, on voit des employés cherchant à s'agripper à tout ce qui est à leur portée, alors que les étagères, les télévisions et les objets non fixés sont jetés à terre et que des plaques de plâtre se détachent des plafonds. Dans les rues, des passants paniqués tentent de se mettre à l'abri, certains poussant des cris de terreur. Le bilan provisoire établi par la police à 02h00 heure locale samedi (17h00 GMT vendredi) était d'au moins 351 morts, 547 disparus et environ 800 blessés. Mais les chiffres s'alourdissaient de minute en minute, et l'agence de presse Kyodo estimait que plus de 1.000 personnes avaient probablement péri. "Le nombre de personnes tuées est considérable", a déclaré à la presse le porte-parole du gouvernement, sans citer de chiffre. Selon la police, outre 151 personnes dont le décès a été confirmé dans diverses régions du nord et de l'est, 200 à 300 corps ont été découverts sur une plage de Sendai, dans la préfecture de Miyagi, dans le nord-est. Un état des lieux très provisoire. "Les dégâts sont si énormes qu'il nous faut du temps pour regrouper les éléments épars", a déclaré un responsable. Ainsi, un train de voyageurs, avec un nombre inconnu de personnes à bord, était porté disparu dans la préfecture de Miyagi après l'arrivée d'une vague de dix mètres, selon l'agence de presse Kyodo citant la police. Un deuxième train était porté disparu dans la préfecture d'Iwate, selon l'agence Jiji. Dans la préfecture de Miyagi, un bateau avec une centaine de personnes à son bord a été emporté par le tsunami, et on ignorait le sort des passagers, selon les médias. Dans la préfecture de Fukushima, un barrage a cédé, des maisons ont été emportées et des habitants sont portés disparus, selon les médias. Le gouvernement a dépêché des navires et des soldats pour participer aux secours, ainsi que des avions pour observer la situation. Le ministère de la Défense est prêt à envoyer 300 avions et 40 navires pour participer aux secours, selon Kyodo. Le commandant en chef de l'armée, le général Ryoichi Oriki, a annoncé que l'armée japonaise et les forces américaines stationnées dans l'archipel avaient formé un groupe de liaison pour organiser les secours. Les dégâts les plus importants ont été causés par les vagues qui ont déferlé sur la façade Pacifique de l'île principale de Honshu. Plus de huit millions de foyers ont été privés d'électricité et de téléphone, et 300.000 maisons n'avaient plus d'approvisionnement en gaz, ce qui signifiait pour les habitants une longue nuit dans le froid, l'obscurité et la crainte des répliques. Selon l'agence Kyodo, plus de 3.000 habitations ont été détruites dans le nord-est. Dans la préfecture d'Iwate, des bâtiments ont été littéralement soulevés de terre par le tsunami et propulsés à plusieurs dizaines de mètres à l'intérieur des terres. Le gouverneur de la préfecture de Fukushima a ordonné l'évacuation de 6.000 personnes résidant dans un rayon de trois kilomètres de la centrale nucléaire Fukushima n°1, en raison d'un problème potentiel lié au refroidissement de l'installation, ont annoncé les autorités. Le gouvernement a ensuite déclaré que la situation dans cette centrale était "sous contrôle". Selon l'agence Kyodo, les autorités s'apprêtaient à relâcher de la vapeur radioactive afin de faire retomber la pression qui s'était élevée dans un réacteur. Le ministère de l'Industrie a indiqué que les onze réacteurs nucléaires de la région s'étaient automatiquement arrêtés. Par ailleurs, un incendie a touché un bâtiment abritant une turbine dans la centrale nucléaire d'Onagawa, dans la préfecture de Miyagi, mais le sinistre a été éteint, selon Kyodo. Aucune fuite radioactive accidentelle n'a été détectée dans les sites nucléaires des préfectures touchées, ont déclaré les autorités. Le séisme avait une magnitude de 8,9, selon l'Institut de géophysique américain (USGS). Il s'est produit à 14h46 heure locale (05h46 GMT) à 24,4 kilomètres de profondeur et à une centaine de kilomètres au large de la préfecture de Miyagi. Selon l'Agence météorologique nippone, il s'agit du plus fort séisme jamais enregistré au Japon. A Tokyo, à environ 380 kilomètres de l'épicentre, les gratte-ciel, construits sur des structures parasismiques spéciales, ont tangué pendant de longues minutes après le séisme. Un toit s'est effondré sur un bâtiment du centre de Tokyo où 600 étudiants participaient à une cérémonie de remise de diplômes, faisant de nombreux blessés, selon les pompiers et les médias. Au moins six incendies ont été signalés dans la capitale, et 80 dans l'ensemble des zones touchées, selon les médias. Dans la région de Tokyo, une raffinerie de pétrole était en feu à Iichihara et des flammes s'élevaient à plusieurs dizaines de mètres de hauteur. L'aéroport international de Narita, situé à une cinquantaine de kilomètres à l'est de Tokyo, a dû suspendre le trafic pendant plusieurs heures. Les transports ferroviaires et routiers ont été interrompus dans une grande partie de l'archipel. Plusieurs fortes répliques de magnitude supérieure à 6, voire 7, se sont produites et ont été ressenties jusque dans la capitale. Le Japon, situé au confluent de quatre plaques tectoniques, subit chaque année environ 20% des séismes les plus forts recensés sur Terre. En 1923, la ville de Tokyo avait été dévastée par un séisme qui avait fait 140.000 morts. A la suite du séisme, la plupart des Etats riverains du Pacifique ont émis des avis d'alerte au tsunami. Mais aucun dégât important n'avait été signalé vers 18h30 GMT en dehors de l'archipel nippon. Des zones côtières ont été évacuées préventivement aux Philippines, aux Mariannes, en Polynésie française, à Guam, à Hawaï, en Equateur, au Canada, aux Etats-Unis et dans d'autres pays.