LE CAIRE - Des groupes de défense des droits de l'Homme ont condamné dimanche le meurtre d'un correspondant d'Al-Jazira en Libye, mettant en garde contre le risque d'une campagne de violence à l'encontre des journalistes. L'association Reporters sans Frontières (RSF) s'est dite "indignée" par l'assassinat d'Ali Hassan Al Jaber, cameraman de la chaîne de télévision Al-Jazira, tué dans une embuscade samedi alors qu'il rentrait vers Benghazi, fief de l'opposition dans l'Est de la Libye. "S'il reste encore à identifier précisément les coupables, nous ne pouvons que constater que cet acte odieux s'inscrit dans un moment qui est loin d'être fortuit, marqué par une montée récente de la violence contre les professionnels de la presse par les autorités fidèles au président libyen", a déploré RSF. "Il semble que l'équipe d'Al-Jazira ait été volontairement et brutalement visée", a souligné Malcom Smart, directeur Moyen-Orient-Afrique du Nord d'Amnesty International. "Ce meurtre, qui intervient si peu de temps après la détention et la torture par les forces (du régime) de trois correspondants de la BBC -- qui ont été battus et soumis à un simulacre d'exécution-- est particulièrement perturbant", a-t-il estimé. Selon le Comité de protection des journalistes, basé à New York, la presse a été victime d'une quarantaine d'autres atteintes depuis le début de l'insurrection armée en Libye le 15 février: 25 cas de détention, cinq agressions, deux attaques visant les locaux de médias, au moins trois cas d'obstruction, le brouillage des chaînes satellitaires Al-Jazira et al-Hourra XX, et l'interruption d'Internet. "Au moins six journalistes locaux sont portés disparus", a souligné l'organisation.