MANAMA - Le chef de l'opposition chiite à Bahreïn, cheikh Ali Salmane, a appelé mercredi l'Iran à s'abstenir de "toute ingérence" dans son pays et l'Arabie saoudite à en retirer ses troupes. "Nous ne voulons pas que Bahreïn se transforme en scène d'affrontement entre l'Arabie saoudite et l'Iran", a déclaré le chef du mouvement al-Wefaq lors d'une conférence de presse à Manama, en présence des responsables de six autres formations de l'opposition. "C'est pourquoi, a-t-il ajouté, nous demandons au royaume d'Arabie saoudite de retirer les troupes du Bouclier de la Péninsule, et nous demandons à l'Iran de ne pas s'ingérer dans les affaires intérieures de Bahreïn". L'Iran a dénoncé avec force le déploiement de troupes saoudiennes à Bahreïn, dans le cadre de la force commune des pays du Golfe nommée "Bouclier de la Péninsule", dépêchée dans ce petit royaume pour prêter main-forte à la dynastie sunnite des Al Khalifa. Le pouvoir a réprimé à la mi-mars un mouvement de contestation animé par l'opposition dominée par les chiites qui forment la majorité de la population autochtone. Les violences ont fait 24 morts en un mois. Le ministre iranien de la Défense Ahmad Vahidi avait affirmé mardi que l'envoi de forces saoudiennes et d'autres pays du Golfe à Bahreïn "renforçait les tensions" dans la région. "Si de telles actions, sans base légale, deviennent courantes, la région se transformera en foyer de confrontation et d'hostilité". L'Iran a rappelé son ambassadeur à Bahreïn alors que les autorités bahreïnies dénonçaient des ingérences iraniennes dans leurs affaires intérieures. Le chef de la diplomatie bahreïnie, cheikh Khaled Al-Khalifa, a affirmé mercredi que les troubles entre sunnites et chiites dans son pays, s'ils n'avaient pas été circonscrits, se seraient étendus à toute la région. Cheikh Salmane a déploré le fait que le pouvoir "ait eu recours à l'option sécuritaire, ce qui a coupé la voie au dialogue". Mais il a affirmé que l'opposition n'appelait plus ses partisans "à manifester ni à s'affronter aux forces de l'ordre". "Nous nous contentons de répéter Allah Akbar (Dieu est le plus grand) et de visiter les tombes de nos martyrs", a-t-il dit, proclamant samedi "jour de deuil à la mémoire des martyrs". Les sept formations d'opposition ont en outre publié un communiqué conjoint dans lequel elles ont affirmé "refuser toute ingérence de toute partie que ce soit" à Bahreïn, et dénoncé en même temps la tentative des autorités de "présenter le mouvement populaire comme un complot étranger". Six figures de l'aile dure de l'opposition ont été arrêtées le 17 mars et ont été déférées devant la justice militaire. Pour sa part, le parlement a accepté mardi la démission de 11 des 18 députés d'al-Wefaq, présentée en février pour dénoncer la violence contre les manifestants réclamant des réformes. Ils perdent ainsi leur immunité et pourraient être exposés à des poursuites judiciaires.