MANAMA - Le roi de Bahreïn a promis la poursuite de ses efforts de réforme en dépit du scepticisme de l'opposition, et les Etats-Unis, son puissant allié, l'ont exhorté à cesser d'user de la violence contre les protestataires. Les autorités ont également annoncé samedi une interdiction de naviguer la nuit dans les eaux territoriales le long de la côte de l'archipel qui fait face à l'Iran, un pays dont Washington et l'Arabie saoudite redoutent l'influence. Dans des déclarations publiées samedi, après la répression policière cette semaine de manifestants à Manama, le roi Hamad ben Issa Al-Khalifa a assuré que "la porte restait ouverte pour discuter de tous les sujets qui étaient dans l'intérêt de tous les citoyens". Le pays compte 1,2 millions d'habitants dont la moitié sont étrangers, et les chiites sont majoritaires dans la population autochtone. La dynastie sunnite des Al-Khalifa règne depuis plus de 200 ans sur ce petit royaume qui accueille la Vème flotte américaine, et l'opposition dominée par des chiites exige des réformes politiques et le départ de figures clefs du régime. Cette semaine, la police a chassé de la place de la Perle, au centre de Manama, les protestataires qui y campaient depuis la mi-février, et vendredi les autorités ont rasé le monument de béton qui avait été leur point de ralliement. Les violences du début de semaine ont tué au moins cinq protestataires, après l'annonce samedi par un membre de l'opposition de la mort d'un manifestant porté disparu. En outre, six figures de l'opposition radicale, cinq chiites et un sunnite, ont été arrêtées et les Etats-Unis ont fait connaître leur "inquiétude" à ce sujet. "Nous appelons le gouvernement à veiller à la sécurité de tous les détenus et à respecter ses engagements en matière de transparence judiciaire", a indiqué un porte-parole du Département d'état Mark Toner. Il a notamment cité le cas d'Ibrahim Chérif, un responsable d'une formation d'opposition autorisée, le Waad, et du Dr Ali al Ekri, un médecin qui avait critiqué les conditions d'accueil des blessés à l'hôpital de Salmaniya à Manama. Il a également appelé les autorités bahreïnies à faire preuve de la plus grande retenue et aux forces de l'ordre à mettre un terme aux violences en particulier contre les personnels médicaux. Les autorités ont notamment arrêté Hassan Machaimaa, secrétaire général du Haq, un mouvement interdit chiite, le militant Abdeljalil al-Singace, souffrant d'une paralysie des jambes, et Abdelwahab Hussein, chef du Wafa, un petit groupe chiite radical. Les mouvements Haq et Wafa avaient appelé le 9 mars à l'instauration d'une "république démocratique" à Bahreïn, alors que le plus grand parti de l'opposition chiite, le Wefaq, réclame uniquement des réformes et n'a jamais appelé au renversement de la monarchie. Le roi Hamad a assuré dans une déclaration publiée samedi : "je ne permettrai pas que s'arrête le processus de réformes que j'ai entamé dès que j'ai pris la conduite du pouvoir". Emir en 1999 après la mort de son père, il a pris le titre de roi en 2002. L'opposition exige l'instauration d'une véritable monarchie constitutionnelle avec la mis en place d'un gouvernement choisi par les élus. Le roi Hamad a demandé à son fils le Prince Salman d'entamer un dialogue national mais l'opposition a refusé, exigeant en préalable la démission du premier ministre, oncle du roi, et en fonction depuis 1970. Entre-temps, l'interdiction de naviguer annoncée samedi concerne tous les bateaux venant de l'archipel ou s'en approchant dans les eaux territoriales du nord et de l'est. La mesure s'applique de 17H00 locales (14H00 GMT) jusqu'à 06H00 (03H00 GMT), et la Force de défense de Bahreïn a averti que toute embarcation ne respectant pas ce blocus serait poursuivie et interceptée.