PARIS - Rached Ghannouchi, président et fondateur du parti islamiste tunisien Ennahda interdit sous le régime Ben Ali, effectuera dans les prochains jours une visite en France, la première depuis environ 25 ans, a-t-on appris vendredi auprès du représentant de son parti à Paris. Pendant la présidence de Zine El Abidine Ben Ali, qui avait combattu impitoyablement les islamistes, Rached Ghannouchi n'avait pas la possibilité de se rendre en France, en raison des liens étroits entre Paris et Tunis, a affirmé Houcine Jaziri. Le chef historique des islamistes tunisiens participera lundi au Bourget (nord de Paris) à la 28e Rencontre annuelle des musulmans de France consacrée à "L'éthique musulmane face aux défis de notre temps". Ce grand rassemblement est organisé par l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), un des principaux mouvements musulmans du pays, réputée proche des Frères musulmans. Selon Houcine Jaziri, des contacts avec les autorités françaises sont "possibles" lors de cette visite. Le ministère français des Affaires étrangères a déclaré de son côté ne pas être informé des "détails de cette venue en France de Rached Ghannouchi". La semaine dernière, pour la première fois, le chef de la diplomatie française Alain Juppé a proposé un dialogue aux mouvements islamistes dans le monde arabe, dès lors qu'ils appliquent les règles démocratiques et refusent la violence. "Nous devons parler, échanger nos idées avec tous ceux qui respectent les règles du jeu démocratique et bien sûr le principe fondamental du refus de toute violence", avait-il déclaré le 16 avril. Rached Ghannouchi, 69 ans, avait fondé en 1981 Ennahda (Renaissance) avec des intellectuels inspirés par les Frères musulmans égyptiens. Il dit aujourd'hui représenter un islam modéré proche de l'AKP turc. Son mouvement avait été réprimé après les législatives de 1989, où les listes qu'il soutenait avaient recueilli au moins 17% des suffrages. Il avait alors quitté son pays pour l'Algérie, puis Londres, où il a vécu en exil jusqu'à la révolution tunisienne. Ennahda, dont l'influence réelle en Tunisie est difficile à mesurer, a fait savoir qu'il ne proposera pas de candidat à la prochaine élection présidentielle.