ALGER - Les mesures annoncées pour répondre à la grogne sociale en Algérie provoqueront un déficit budgétaire de 33,9% du PIB, selon le budget 2011 amendé, soumis pour la première fois au parlement dimanche par le ministre des Finances Karim Djoudi. La Loi de Finances complémentaire (LFC) n'avait jusqu'à présent jamais été débattue par les parlementaires, pourtant acquis aux autorités avec 249 sièges de la majorité, sur 389. Celle de cette année (LFC 2011) comprend de fortes dotations pour soutenir les prix des produits de large consommation, encourager l'investissement et la création d'emplois. Et elle ne prévoit aucun nouvel impôt ou taxe, a rapporté l'agence APS. L'idée est de relancer l'emploi et les PME et préserver le pouvoir d'achat des ménages. En chiffre, cela se traduit par un déficit budgétaire de 4.693 milliards DA (environ 46,93 milliards d'euros), soit 33,9% du PIB. Ce déficit a fortement été creusé sous l'effet de la dépense publique, évaluée à 8.275 mds de DA (82,75 mds EUR), selon les explications du ministère des Finances. La dépense de fonctionnement s'accroît de 857 mds DA (8,57 mds EUR) car le gouvernement a décidé de soutenir de nouveaux produits alimentaires de base (huiles et sucre) et de renforcer la dotation budgétaire aux produits qu'il subventionnait déjà (blé et poudre de lait). Ces dépenses comprennent aussi l'augmentation des salaires avec l'application de nouveaux statuts de la fonction publique et l'ouverture de nouveaux postes budgétaires. Le déficit provient également des dépenses d'équipement pour le logement, avec une augmentation de 797 mds DA (7,97 mds EUR). La LFC 2011 prévoit 3,9% (6% hors hydrocarbures) de croissance économique et un taux d'inflation de 4%, contre 3,5% dans la loi de finances initiale. Le budget du fonctionnement passera ainsi de 3.434 milliards DA (34,3 mds EUR) dans la loi initiale à 4.291 milliards DA (42,9 mds EUR), soit +24,95% d'augmentation. Celui de l'équipement, de 3.184 milliards DA (30,1 mds EUR), augmentera à 3.981 milliards DA (39,8 mds EUR, soit +25,04%). L'Algérie est secouée par des grèves et manifestations quotidiennes sociales et politiques depuis les émeutes de janvier contre la vie chère, qui ont fait 5 morts et plus de 800 blessés. Le président Abdelaziz Bouteflika a promis le 15 avril des réformes politiques, actuellement objets de consultations.