ANKARA - Israël et la Turquie ont une chance de mettre fin à la crise profonde qui les oppose, grâce à de récents gestes mutuels de bonne volonté, a estimé le vice-ministre des Affaires étrangères israélien, Danny Ayalon. Dans une interview publiée vendredi dans le journal turc Hürriyet Daily News, M. Ayalon a mis en avant un courrier que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a envoyé à son homologue turc Recep Tayyip Erdogan pour le féliciter de son élection, le 12 juin dernier, et évoquer la décision d'une association humanitaire turque de ne pas envoyer un bateau forcer le blocus de Gaza. "Je crois que nous avions perdu confiance entre nous au cours des dernières années. Maintenant, nous avons besoin d'arrêter ce jeu des reproches réciproques sur les raisons de cette perte de confiance", a déclaré M. Ayalon. "L'annulation du départ du navire le Mavi Marmara est l'occasion pour nous de renforcer nos liens. Nous devrions nous réunir et aborder tous les sujets", a-t-il ajouté. Les deux pays avaient connu une crise profonde en mai 2010 lorsque les troupes israéliennes avaient tué neuf Turcs dans un raid contre le Mavi Marmara, un navire d'une flottille d'aide internationale qui avait tenté de briser le blocus de Gaza. Les relations s'étaient aussi tendues lors des sorties du Premier ministre turc contre Israël, prenant la défense du Hamas, le groupe radical qui contrôle la bande de Gaza. "Le conflit israélo-palestinien et le terrorisme du Hamas ont compliqué notre relation ... mais pourquoi laisser nos relations à la merci d'un tiers?", a affirmé M. Ayalon. Le vice-ministre a souligné qu'Israël se féliciterait si la Turquie jouait un rôle pour inclure le Hamas dans un accord de paix et faire qu'il se réconcilie avec le Fatah du dirigeant palestinien Mahmoud Abbas. "L'unité palestinienne va dans notre intérêt, de cette façon nous saurons avec qui engager des négociations. Nous serions près à remercier tous les Turcs si le Hamas acceptait les accords d'Oslo, reconnaissait Israël et condamnait le terrorisme", a déclaré M. Ayalon. "Si la Turquie souhaite réunir les formations palestiniennes, cela ne nous pose aucun problème... La Turquie est une puissance régionale et a un rôle historique à jouer, elle pourrait être en mesure d'influencer le processus de paix", a-t-il ajouté. M. Ayalon n'a ni confirmé ni nié les informations parues dans la presse sur des accords secret de reprise des discussions avec la Turquie. Il a appelé Ankara à faire un geste de bonne volonté en renvoyant en poste son ambassadeur à Tel-Aviv, qui avait été rappelé après l'incident du Mavi Marmara. La lettre envoyée au Premier ministre Erdogan pourrait être perçue comme un signe de confiance. L'étape suivante pourrait être de renvoyer l'ambassadeur, a-t-il indiqué.