PARIS - Le président nigérien Mahamadou Issoufou se dit "très inquiet" des conséquences sur la sous-région du conflit en Libye, qui risque d'entraîner selon lui une "dissémination importante d'armes" et de favoriser l'islamisme, dans une interview au journal Le Parisien de samedi. Je suis "très inquiet et je souhaite qu'une solution politique soit trouvée rapidement", déclare M. Issoufou. "Je suis d'autant plus inquiet que l'on risque d'assister à une dissémination importante d'armes, de munitions et d'explosifs dans toute la sous-région, ce qui rendrait la zone encore plus instable qu'aujourd'hui", ajoute-t-il. "Nous redoutons surtout que la désagrégation de l'Etat libyen ne laisse le champ libre aux tribus ou aux shebabs, ces islamistes présents en Somalie, ce qui favoriserait trafiquants de drogue, d'armes et d'êtres humains car c'est par là que transitait l'immigration clandestine vers l'Europe", ajoute-t-il. Le président nigérien rappelle également que son pays doit "faire face à un afflux massif de près de 100.000 réfugiés" venus de Libye. Interrogé sur l'interception le 12 juin par l'armée nigérienne de trafiquants d'armes transportant des explosifs, un convoi dont faisaient partie des combattants d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) selon les services de sécurité nigériens, Mahamadou Issoufou a voulu rester "discret". "Nous essayons d'en savoir plus, notamment grâce à l'homme que nous avons arrêté", a-t-il dit, ajoutant que le Niger avait "renforcé" son "dispositif militaire afin de sécuriser le pays, en particulier les zones stratégiques comme les exploitations minières". L'accrochage a eu lieu à 80 km d'Arlit, cité minière où Aqmi avait kidnappé en septembre 2010 cinq Français, un Togolais et un Malgache. Elle retient toujours en otages quatre Français et réclame le départ des troupes françaises d'Afghanistan en échange de leur libération. La mouvance islamiste, qui a des bases au Mali et ses racines en Algérie, commet attentats, enlèvements et divers trafics dans plusieurs pays du Sahel.