Un vent de révolte souffle de nouveau place Tahrir. Des dizaines de milliers d'Egyptiens s'y sont rassemblés ce vendredi pour réclamer une accélération des réformes démocratiques et des procédures judiciaires contre les caciques de l'ancien régime accusés de meurtres et de corruption. La place Tahrir, au Caire, a été l'épicentre de la contestation populaire qui a abouti le 11 février à la chute du président Hosni Moubarak après trente ans de pouvoir. Protestation dans tout le pays La majorité des mouvements politiques égyptiens, notamment celui des Frères musulmans, le plus organisé, se sont associés à cette journée de protestation organisée dans tout le pays. A Suez et à Alexandrie, des manifestations ont également rassemblé des centaines de personnes. Mercredi dernier, des centaines de personnes ont attaqué des bâtiments officiels à Suez, après la décision d'un tribunal de rejeter un appel contre la libération sous caution de dix policiers accusés d'avoir tué des manifestants l'hiver dernier. Procès des anciens du régime retardés Beaucoup de militants qui ont participé à la «révolution du Nil» reprochent au Conseil suprême des forces armées, qui dirige le pays depuis la chute d'Hosni Moubarak, de retarder les procès des représentants du régime déchu et la mise en œuvre des réformes. «A bas le maréchal!», scandaient certains manifestants place Tahrir à l'adresse du maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, pendant vingt ans ministre de la Défense de Moubarak et aujourd'hui chef du Conseil suprême des forces armées. Atmosphère festive «Nous voulons que tout change. L'ancien régime a tout corrompu. Il faut changer de gouvernement, à commencer par le maréchal qui fait partie intégrante de l'ancien régime», a déclaré Ehab Mohamed Mahmoud, 36 ans. Le rassemblement se déroulait toutefois dans une atmosphère festive.