MILAN (Italie) - Le groupe pétrolier italien ENI est en contact direct et quasi-quotidien avec la direction de la rébellion libyenne depuis avril, a indiqué le patron du groupe, Paolo Scaroni, dans un entretien au quotidien italien Il Corriere della Sera publié mercredi. "Nous avons rencontré le Conseil national de transition (CNT) au grand complet le 3 avril et depuis nous avons des contacts constants, intenses et quasi-quotidiens. Nous avons été la première entreprises internationale à rencontrer le CNT", révèle-t-il. Ces rencontres se font "avec le soutien du ministère italien des Affaires étrangères et du sous-secrétaire à la présidence du Conseil, Gianni Letta". La plupart des structures du groupe italien en Libye sont à l'arrêt, sauf celle de Wafa, à 500 km de Tripoli, qui fournit de l'électricité à la population locale. "Notre activité consiste à nous assurer que nos structures ne subissent pas de dommages", précise Paolo Scaroni. "Nous n'avons pas de craintes pour ENI en Libye. Mais nous sommes inquiets pour un proche avenir. Ces phases de transition sont toujours très délicates et complexes", souligne le manager, qui n'a aucun doute en revanche sur la garantie des contrats d'ENI sur place. "Il s'agit de contrats internationaux. Par ailleurs, à travers le pipeline Greenstream qui amène le gaz en Italie et uniquement en Italie, nous sommes liés de manière indissoluble avec la Libye". "Pour ces raisons et de par notre présence historique dans ce pays (depuis 1959), je ne pense pas que la France veuille nous remplacer", ajoute-t-il repoussant les rumeurs selon lesquelles Paris, qui a soutenu les rebelles dès le départ, pourrait se trouver favorisé dans la course au pétrole libyen. Comme le souligne le DG du groupe italien, ENI est présent en Afrique depuis 60 ans. Et la Libye, où le groupe emploie 2.000 personnes, représente environ 15% de la production d'ENI. Avant le début de l'insurrection, ENI était le premier prducteur étranger en Libye, ex-colonie de l'Italie. En ce qui concerne l'approvisionnement énergétique de l'Italie, le manager s'est voulu rassurant: "Cela ne concerne que le gaz. Nous n'aurons pas de problème si l'hiver prochain nous devrons nous passer du gaz provenant de la Libye. Pourvu que ne soit pas interrompu le flux issu d'autres sources, comme l'Algérie et le "front" russo-ukrainien".