Présente en Afrique depuis les années 1950, la compagnie pétrolière italienne Eni (Ente nazionale idrocarburi) est aujourd'hui la première major pétrolière dans le continent noir, avec une part de marché de 1 million de barils-équivalent pétrole (bep, incluant le pétrole et le gaz) par jour. Disposant de 5 milliards de barils de réserves sur le continent, Eni extrait 1,8 million de barils par jour et ambitionne de dépasser les 2 millions en 2011 contre moins de 1 million il y a dix ans. La compagnie italienne est aussi le premier producteur étranger en Algérie , en Egypte, en Libye et en Tunisie. La compagnie est également présente au Nigeria, en Angola, au Congo-Brazzaville, au Gabon, au Maroc et au Ghana. Eni compte aussi consolider sa présence en Algérie. Ainsi, Paolo Scaroni, le président-directeur général d'Ente Nazionale Idrocarburi, a indiqué, dans une récente interview, qu'il a accordée à l'hebdomadaire Jeune Afrique que sa compagnie compte augmenter sa production en Algérie de 20 à 30 % d'ici à trois ans. Tout en faisant référence à l'ancienneté du partenariat entre Eni et l'Algérie, M. Scaroni a mis en avant toute l'importance que revêt notre pays pour sa compagnie. Il faut noter, dans ce contexte, que le fondateur d'Eni, Enrico Mattei, a été l'un des fervents défenseurs de l'indépendance de l'Algérie et ce, dès la fin des années 1950. Aussi, le partenariat entre Eni et Sonatrach date de plus de vingt-cinq ans à travers l'exploitation de la transméditerranéenne Pipe Line qui exploite le gazoduc Enrico Mattei lequel achemine le gaz algérien vers l'Italie en passant par la Tunisie. D'une capacité de 27 milliards de mètres cubes, Sonatrach et Eni envisagent de porter la capacité du gazoduc en deux étapes, à 33,5 milliards de mètres cubes, avec 3,2 milliards à compter de 2008 et 3,3 milliards à compter de 2012.Dans ce contexte, M. Scaroni a affirmé qu'Eni est le premier client de Sonatrach dans le segment gaz. En 2008, la compagnie italienne a acquis pour 8 milliards d'euros soit 27 milliards de m3. Notons que Sonatrach et Eni sont également associées sur le projet de gazoduc Galsi. Long de 940 km, le futur gazoduc, qui reliera directement l'Algérie à l'Italie à partir de 2011 sans transiter par un pays tiers, sera doté d'une capacité de 10 milliards de m3/an avec une extension possible à 18 millions de m3/an. Aussi, Eni exploite des gisements BRN, BRW et BRSW situés sur le bloc 403, régi par un contrat de partage de production conclu le 15 décembre 1987 entre Sonatrach et ENI (anciennement Agip) pour la recherche et l'exploitation d'hydrocarbures sur le périmètre Zemoul El Kbar. Eni a également obtenu un contrat de recherche et d'exploitation des hydrocarbures octroyésuite au premier appel à la concurrence lancé par l'Agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures (Alnaft). Il s'agit du périmètre de Kerzaz dans le bassin de Gourara.Par ailleurs, sur le plan africain, Sonatrach et l'italien ENI opèrent conjointement au Mali. Les deux compagnies ont décidé de se lancer ensemble dans le développement d'une zone potentiellement pétrolifère au Mali, à la frontière avec la Mauritanie et l'Algérie, le bassin de Taoudénit. Les deux compagnies sont également associées dans l'offshore très profond du bassin de Rovuma dans le nord du Mozambique. Aussi, Eni affiche de grandes ambitions en matière de partenariat. Selon M. Scaroni, le projet de gazoduc Trans-Saharan Gas Pipeline (TSGP), qui doit relier le Nigeria à l'Europe via le Niger et l'Algérie, intéresse au plus haut point le groupe italien. "Ce projet est piloté par la Sonatrach et la Nigérian National Petroleum Corporation [NNPCI. Il nous intéresse d'autant plus que nos équipes possèdent la technologie de transport à haute pression nécessaire au développement de ce pipeline. Nous discutons actuellement avec le ministre algérien Khelil et le président nigérian, Yar'Adua, des modalités de notre participation", a indiqué M. Scaroni. D'une longueur totale de 4.200 km et d'un coût de 10 milliards de dollars, ce gazoduc intercontinental transitera, dès sa mise en service en 2015, un volume de 20 à 30 milliards de mètres cubes de gaz. Il est aussi utile de noter qu'en matière de partenariat l'approche d'Eni défère diamétralement de celle abordée par la plupart des majors pétrolières. Eni s'appui sur le partenariat gagnant-gagnant. Et c'est de tradition. ENI s'est fait connaître en Afrique en signant en 1955 un contrat attribuant à l'Egypte 75 % des revenus pétroliers alors que toutes les grandes majors ne dépassaient pas 50 %. Cinquante ans plus tard, la compagnie italienne conserve cette approche. Au moment où de nombreux pays occidentaux accusent le Venezuela et l'Algérie de s'engager vers le chemin de la nationalisation, Scaroni considère que "ces deux pays ont tendance à s'ouvrir de plus en plus vers les partenaires étrangers". Aussi, et au cours de la réunion des ministres de l'Energie du G8, le directeur général de l'Eni, Paolo Scaroni a proposé la création d'une agence internationale du pétrole afin de stabiliser les prix du brut et rémunérer les pays producteurs lorsque les cours baissent trop. Selon l'Eni, cette agence gérerait un "fonds de stabilisation" qui assurerait un niveau minimum de revenus pour les pays producteurs "lorsque les prix descendent trop". Samira G