L'arrêt des massacres en Syrie pourrait permettre à la communauté internationale de s'accorder, a estimé jeudi à Vienne le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, alors qu'une rencontre avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, n'a pas apporté d'avancée, Moscou continuant à soutenir le régime du président Bachar al-Assad. "Nous pouvons peut-être nous retrouver sur un objectif de très court terme, sur l'arrêt des massacres", a déclaré le chef de la diplomatie française lors d'une conférence de presse. "Il faut tout faire pour que la violence cesse et qu'une aide humanitaire importante soit apportée à la population syrienne, qui est dans une situation épouvantable", a insisté Alain Juppé, qui participe à Vienne à la 3e conférence ministérielle du Pacte de Paris, signé en 2003, pour la lutte contre le trafic de drogue en Afghanistan. Plus tôt jeudi, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, également présent à Vienne, a lui aussi dénoncé les violences en Syrie, demandant à Damas d'"arrêter de tuer ses propres citoyens" et à l'opposition de "mettre un terme aux violences". Avant de rencontrer Ban Ki-moon dans l'après-midi, Alain Juppé s'est entretenu dans la matinée avec Sergueï Lavrov, qui a de nouveau refusé de se prononcer sur la proposition française de créer des "corridors humanitaires" pour aider les populations, tout en se disant ouvert au dialogue. "Il n'y a pas eu de discussion concrète à propos de l'initiative française. De ce qu'ils ont dit, ils n'ont rien de concret pour le moment", a déclaré de son côté le vice-ministre russe des Affaires étrangères russe, Guennadi Gatilov, à l'agence de presse russe Interfax. La communauté internationale est divisée sur la question de la Syrie, Moscou et Pékin ayant déjà opposé à deux reprises leur veto au Conseil de sécurité de l'ONU sur des résolutions de condamnation du régime syrien. Pour autant, "il n'est pas question d'accepter le statu-quo politique en Syrie, c'est pourquoi nous voulons travailler avec la Ligue arabe pour la mise en oeuvre de son plan de transition politique", qui prévoit le transfert du pouvoir au vice-président et la formation d'un gouvernement de conciliation nationale, a poursuivi Alain Juppé, soulignant l'importance de la première réunion le 24 février à Tunis du "Groupe des amis du peuple syrien" où ce plan sera discuté. Le ministre français a également évoqué la possibilité d'un envoyé spécial de l'ONU qui tiendrait le rôle d'intermédiaire, en liaison avec la Ligue arabe. "Si M. Ban Ki-moon s'orientait dans cette direction, nous le soutiendrons", a-t-il précisé. L'Assemblée générale des Nations Unies doit se prononcer jeudi soir sur un projet de résolution qui condamne la répression en Syrie, quelques jours après le blocage d'un texte similaire au Conseil de sécurité.