Les discussions se poursuivent à l'ONU et aucun vote n'aura lieu dans les jours qui viennent sur un projet de résolution concernant la Syrie, a annoncé, hier, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Guennadi Gatilov. On entreprend actuellement des efforts pour trouver un texte acceptable pour tout le monde, qui contribuerait à un règlement politique en Syrie. C'est pourquoi il n'y aura aucun vote dans les jours qui viennent, a déclaré M. Gatilov cité par l'agence Interfax. Les experts continuent de discuter de deux projets: le russe et le marocain, a-t-il ajouté. Le projet marocain n'est pas acceptable pour nous parce qu'il contient toujours des dispositions qui prévoient des sanctions contre la Syrie ainsi que d'autres qui pourraient être interprétées comme autorisant un recours à la force, a poursuivi M. Gatilov. La Russie, qui utilise son droit de veto au conseil de sécurité de l'ONU, exaspère les pays occidentaux en refusant de soutenir la résolution demandant le départ d'Assad. La Ligue arabe a imploré mardi les Nations unies de sortir de leur inaction face à la machine à tuer du régime syrien. Mais l'ambassadeur russe à l'ONU Vitaly Tchourkine a rejeté un projet de résolution du Conseil de sécurité appelant le président syrien à céder le pouvoir, estimant que les Nations unies ne devaient pas s'immiscer dans un conflit interne. La Russie, allié traditionnel de la Syrie à laquelle elle continue à fournir des armes, a réitéré à plusieurs reprises son opposition à l'usage de la force et à toute résolution de l'ONU qui soutiendrait des sanctions unilatérales contre Damas. Elle a présenté son propre projet, qui condamne l'usage de la force à la fois par le régime de Bachar al-Assad et l'opposition syrienne. Moscou et Pékin avaient déjà mis leur veto en octobre dernier à une précédente résolution dénonçant la répression sanglante de la révolte populaire en Syrie. L'ONU doit arrêter la machine à tuer en Syrie Le Premier ministre du Qatar, Hamed ben Jassem al-Thani, a demandé, avant-hier, au Conseil de sécurité de l'ONU d'agir pour stopper la machine à tuer du régime syrien et mettre fin à une tragédie humanitaire. A l'ouverture d'une importante réunion du Conseil en présence des ministres des Affaires étrangères de plusieurs pays, il a souhaité que celui-ci adopte une résolution soutenant les décisions de la Ligue arabe, accusant le régime de Damas de tuer son propre peuple. Nous venons devant votre Conseil pour vous demander de prendre vos responsabilités (et) de traiter la tragédie humanitaire qui se déroule en Syrie, a déclaré le Premier ministre du Qatar, qui préside le Comité ministériel de la Ligue sur la Syrie. Nous ne demandons pas une intervention militaire (...) nous ne sommes pas en faveur d'un changement de régime mais nous prônons des pressions économiques pour que le régime syrien comprenne, a-t-il ajouté. La situation en Syrie est une menace pour la région toute entière, a-t-il estimé. Il s'exprimait devant les chefs de la diplomatie américaine, française et britannique Hillary Clinton, Alain Juppé et William Hague, venus au Conseil pour faire pression en faveur d'une résolution de l'ONU en Syrie, après dix mois d'inaction pendant lesquels la répression en Syrie a fait plus de 5 400 morts. La Russie et la Chine, qui détiennent un droit de veto, s'opposent à une résolution qui réclamerait un changement de régime à Damas. L'inaction du Conseil de sécurité affaiblit la crédibilité de l'ONU La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a affirmé, avant-hier, que si le Conseil de sécurité de l'ONU n'agissait pas rapidement en Syrie, la crédibilité des Nations unies s'en trouverait amoindrie. Il est temps pour la communauté internationale de mettre de côté ses divergences et d'envoyer un message clair de soutien au peuple de Syrie, a déclaré Mme Clinton devant le Conseil de sécurité, appelant ses 15 Etats membres à adopter une résolution soutenant le plan de règlement de la Ligue arabe. L'autre solution (dédaigner la Ligue arabe, abandonner le peuple syrien, encourager le dictateur à plus d'audace) aggraverait encore cette tragédie, nous empêcherait de prendre nos responsabilités et affaiblirait la crédibilité des Nations unies, a-t-elle ajouté. Notant l'aggravation de la violence et le risque croissant de guerre civile, elle a estimé que malgré sa tactique impitoyable, le règne de terreur d'Assad va prendre fin et le peuple syrien va pouvoir choisir son destin. La question est de savoir combien de civils innocents vont mourir avant qu'Assad ne se rende à l'évidence et quel degré d'instabilité il laissera derrière lui, a-t-elle ajouté. Nous avons le choix: soutenir le peuple de Syrie et la région ou devenir complice de la poursuite de la violence, a-t-elle martelé. Les USA, a déclaré Mme Clinton, demandent instamment au Conseil de sécurité de soutenir l'appel de la Ligue arabe à une transition politique en Syrie. Le plan de la Ligue, rejeté jusqu'à maintenant par Moscou, prévoit notamment un transfert du pouvoir au vice-président syrien et des élections libres. Certains membres du Conseil s'inquiètent du risque d'une autre Libye, c'est une mauvaise comparaison, la Syrie est une situation unique qui réclame une approche spécifique, a-t-elle lancé à l'adresse de la Russie et de la Chine.