Le mois du patrimoine continue de nous livrer contes, récits et vestiges émergeant de l'au delà. La mémoire collective se réveille aux sons du marteau piqueur pour aller fouiner dans les entrailles de la terre et soustraire le chaînon manquant du patrimoine culturel et historique. A quelques encablures du fameux quartier de la marine, gît le quartier des artisans. Dinandiers, ciseleurs et tanneurs sont passés par là, laissant une magnifique mosaïque où se côtoyaient musulmans juifs et chrétiens. Aujourd'hui, l'évènement en vaut la chandelle. Historiens et archéologues se sont donnés le mot pour aller à la rescousse d'un site rasé et enterré par l'armée coloniale lors de la prise d'Alger. Le vieil Alger retrouve tous les attributs d'un musée à ciel ouvert. Il y a, parait -il, sous le sous sol de la futur station de métro, un trésor qui fera parler de lui. Trop arabe pour l'administration coloniale, le quartier et ses habitants devaient passer par le nettoyage culturel et ethnique. La suite, on la connaît. Les tuniques bleues de Bugeaud sont passées par là pour raser un chef d'œuvre architectural. Aujourd'hui, la pierre a parlé pour venir dénicher le chaînon manquant de la régence d'Alger. Il y a déjà sur la première couche mise au jour par les archéologues des pièces de monnaie datant de 1831, cette première ne fait que contribuer à la réussite d'une excavation pleine de promesse. Il y a aussi comme une certitude à trouver les restes de la fameuse mosquée ( Masjid Essayida) construite par Mezzo Morto (demi mort) un janissaire converti à l'islam. Ou encore de somptueuses pièces artisanales qui passaient pour le fleuron de nos métiers. Il y a tant à creuser encore pour mettre au jour un puzzle de notre patrimoine enfoui dans sol de la cité. Cette volonté de descendre dans les tréfonds de la Casbah pour dénicher un bien culturel, délibérément jeté en pâture à l'usure à cent lieues sous terre, est une prouesse qui commence à faire écho dans le langage quotidien. Nos archéologues viennent de franchir le rubicon pour rendre au vieil Alger ses lettres de noblesse, et la mettre à jour avec l'histoire contemporaine. On n'attendra pas longtemps pour faire venir le reste du puzzle enfermé dans les musées français. La dernière pierre sortie du sous sol de la Régence interpellera d'autres pièces prisonnières dans les salons de l'hexagone conservés comme fétiches de guerre. Dans la foulée de cette première grande sortie archéologique dans les sous sols du vieil Alger, on parle déjà de négociations pour le retour de la Smala de l'Emir toujours retenue comme butin de guerre au Louvres.