Il a décidé de mettre fin à sa vie si ce n'est des amis à lui qui ont empêché ce drame. Aujourd'hui, il a accepté d'être suivi. « Je suis désemparée et j'ai besoin d'en parler, mais je ne devrais pas le faire d'après mon mari et ma famille. Ce qui s'est passé doit être tenu secret pour ne pas avoir à supporter la charge de la condamnation religieuse et sociale qui pèse sur le recours à l'acte de mort volontaire » témoigne une maman. « Je me demande comment je vais vivre maintenant avec cette angoisse permanente. Je voudrais pouvoir ne pas trop anticiper et essayer de ne vivre que le présent en restant positive mais c'est très dur » ajoute-t-elle. En effet, chaque jour un Algérien se suicide. Diverses raisons (dépression nerveuse, chômage, mal vie, renvoi d'école...) poussent des dizaines d'Algériens à mettre fin à leur vie pour fuir une réalité trop dure à supporter. Le phénomène du suicide connaît une évolution inquiétante dans la société algérienne et semble toucher surtout la catégorie la plus fragile des jeunes âgés de 18 à 30 ans, généralement sans profession. En effet, 28 Algériens se suicident chaque mois dont la plupart sont des chômeurs. Le bilan alarmant des cas de suicide durant le premier semestre de l'année passée en est l'amère illustration. Les chiffres obtenus sont effrayants et les causes demeurent souvent mystérieuses ou insondables. Par contre, les méthodes de suicide sont multiples : arme à feu, pendaison, absorption de produits caustiques, immolation par le feu... Le nombre des personnes qui tentent de se suicider connaît une augmentation effrayante dans notre pays, d'autant qu'il s'agit de mineurs qui se donnent la mort à cause de conflits au sein de la famille, la maltraitance, la démission des parents et l'échec scolaire. Parmi les 164 cas enregistrés par les unités de la GN, 154 sont majeurs, dont une grande partie constituée par la gent masculine, soit 120 cas contre 44 femmes suicidées. Les mineurs sont touchés aussi. Ils ont été 10 à avoir mis fin à leurs jours durant les premiers six mois de l'année en cours. Les tentatives de suicide, qui sont un signe de détresse, sont encore plus nombreuses que les suicides qui aboutissent. 274 tentatives de suicide ont été recensées durant la même période. L'étude de la gendarmerie fait ressortir que « les femmes ont été beaucoup plus nombreuses à tenter de se suicider, avec 196 tentatives contre 78 pour les hommes ». Paradoxalement, les femmes tentent mais les hommes réussissent, selon ce rapport. S'agissant des tentatives, les troubles psychiques restent en effet les principales causes de suicide avec 38 tentatives et 7 autres dues au désespoir, 126 tentatives ont pour cause les problèmes sociaux, 31 des problèmes familiaux, 22 dues à des dépressions nerveuses. L'échec scolaire est derrière 5 tentatives de suicide, généralement chez des mineurs, 2 à cause de problèmes financiers et 43 pour diverses raisons inconnues d'autant que, dans la plupart des cas, les familles des suicidés préfèrent le mutisme que révéler les vraies causes. Certaines familles dissimulent la cause de disparition de leur proche car c'est un sujet tabou jusqu'à l'heure actuelle. Donc si le suicidé se délivre d'une charge, il transmet à son entourage la lourde tâche d'essayer de comprendre, alors qu'il est trop tard, le sens et les raisons de son acte. Les familles arrivent mieux à gérer lorsque la tentative de suicide échoue. L'appel au secours du candidat au suicide devenant audible et le recours au psychiatre est encore possible. Les tentatives de suicide, qui sont un signe de détresse, sont encore plus nombreuses que les suicides qui aboutissent. Cependant, ce qu'il faut comprendre c'est que les adolescents manifestent moins, par ces actes, une volonté de mourir que l'espoir de mettre un terme à une existence qui les fait souffrir. Ils espèrent sortir ainsi d'une situation conflictuelle, ou qu'ils jugent sans issue, dans laquelle ils se sentent enfermés. Un adolescent qui fait une tentative de suicide essaie d'attirer l'attention sur un problème qu'il ne peut plus gérer tout seul. Ce n'est pas un renoncement mais une revendication qui doit être entendue avec la plus grande attention. Il doit alors être aidé et pris en considération. Le facteur déclenchant (une dispute, une mauvaise note, etc.) ne doit jamais être interprété comme la raison même de l'acte. Il n'est que le minuscule sommet d'un arbre qui a pris racine depuis bien longtemps. Il est alors capital de rechercher et de comprendre les causes antérieures. C'est pourquoi la tentative de suicide ne doit être ni banalisée ni occultée. En parler avec le concerné d'abord ensuite avec un professionnel de la santé est un grand pas vers la guérison alors il ne faut pas jouer à l'autruche et tenter de trouver une solution car après une première tentative, on estime qu'entre 30 et 50% des jeunes récidivent.