Plus qu�un ph�nom�ne de soci�t�, le suicide est en passe de devenir en Alg�rie l�une des principales causes de mortalit�. En d�pit de la mise en garde des sp�cialistes qui ont tir� maintes fois la sonnette d�alarme, aucune campagne de pr�vention ou d�information n�a �t� initi�e. La cellule de communication de la Gendarmerie nationale a �tabli un bilan, � ce sujet, de 1993 jusqu�� ao�t 2005. Sur la base de ces statistiques, cette institution a r�pertori� les causes des suicides et les moyens utilis�s pour y arriver. La classe sociale, l��ge et le sexe des cas sont aussi analys�s. Meriem Ouyahia Alger (Le Soir) - Les chiffres classent l�Alg�rie parmi les pays arabes o� le taux de suicides est moyen. Selon une �tude r�v�l�e l�ann�e derni�re, le taux de suicides a connu un bond effrayant en passant de 0,94 en 1999 � 2,25 pour 100 000 habitants en 2003. Soit, toutes les 12 heures, un Alg�rien se suicide. Les unit�s de la Gendarmerie nationale ont trait�, de 1993 au 31 ao�t 2005, 3 709 cas de suicides dont 2 785 hommes. 1 423 tentatives de suicide ont �t� enregistr�es pour 848 femmes. Sujets tabou dans la soci�t� alg�rienne, les cas de suicides ne sont pas d�clar�s. Reste que ce sont des statistiques alarmantes. La majorit� des affaires trait�es par la Gendarmerie nationale ont �t� enregistr�es dans les wilayas de B�ja�a, Tizi-Ouzou, Bouira, Tlemcen, Oran, Skikda et Mila. Le pic a �t� atteint entre 2000 et 2003 avec une l�g�re baisse en 2004. Pour l�ann�e en cours, sur les 136 cas de suicides, 112 personnes sont de sexe masculin et 24 cas sont des femmes pour la plupart c�libataires. Le taux de suicides est plus �lev� chez les personnes �g�es entre 18 et 40 ans avec 2 974 cas trait�s durant cette p�riode. Pour les moins de 18 ans, 24 personnes ont mis fin � leur vie en 2004 et 10 autres durant 2005. Les plus de 40 ans sont aussi touch�s par ce ph�nom�ne avec 66 cas en 2004 et 34 cas pour les huit premiers mois de l�ann�e en cours. Selon l��tude men�e par les unit�s de la gendarmerie, nul n�est �pargn� par ce ph�nom�ne. Les personnes qui se suicident appartiennent � diff�rentes couches de la soci�t�. Les personnes sans profession avec 63% viennent en t�te de cette sinistre liste suivies par les fonctionnaires (11%) et les employ�s (12%). Le peloton est ferm� par les activit�s lib�rales avec 8% et les �tudiants 6%. La pendaison comme ultime solution Le moyen le plus employ� pour mettre fin � ses jours est la pendaison pour 70% des cas enregistr�s. L�empoisonnement, les armes � feu et blanches sont autant de moyens utilis�s. �Les principales causes de suicide ont toujours �t� ignor�es du fait qu�il est consid�r� comme un acte contraire � l�Islam et aux traditions�, note le rapport. Le document cite, en premier, les troubles mentaux avec ses diff�rentes formes pour 874 cas �tudi�s durant cette p�riode. La d�cennie noire a aussi laiss� des traces ind�l�biles qui conduisent certaines personnes � cette ultime solution. L�analyse des chiffres fait ressortir que 15,69% des personnes suicid�es souffrent de d�pression nerveuse. Caract�ris� par la d�tresse et l�angoisse, le d�sespoir est la cause de 15% des suicides. A cela, se greffent les probl�mes socio-�conomiques et familiaux qui influent sur la personnalit� des individus. En effet, 12, 50% des personnes suicid�es souffrent de probl�mes sociaux. �Il est souvent difficile de conna�tre le mobile exact du suicide. Certaines familles n�osent jamais divulguer les raisons qui ont pouss� les personnes � attenter � leur vie pour ne pas �tre d�shonor�es�, souligne le document. M. O. Conna�tre le suicide Une personne suicidaire ne para�t pas n�cessairement comme d�prim�e. Sous un ext�rieur jovial peut se cacher une grande tristesse. Les signes changent d�une personne � l�autre. 75% des personnes d�c�d�es par suicide l�avaient annonc�. En effet, quasi personne ne se suicide sans avoir fait conna�tre son d�sespoir � quelqu�un. Toute tentative de suicide est un appel de d�tresse dont le corps est l�otage. Contrairement aux id�es re�ues, le suicide n�est pas h�r�ditaire. Cependant, un suicide dans une famille peut influencer les autres membres de la famille. Pour aider une personne voulant se suicider, il faut l��couter tout simplement sans lui donner des directives ou des sermons.