Annoncée par le président syrien, Bachar Al Assad, au lendemain des soulèvements populaires qui secouent, à ce jour, le pays, la « future » Constitution a pour principal credo de mettre fin à cinquante ans de parti unique. L'article 8, consacrant la domination exclusive par le Baath (le parti est le dirigeant de l'Etat et de la société) est, à cet effet, remplacé par une autre disposition, instaurant le « pluralisme politique ». Le chef de l'Etat promet une démocratie « exemplaire » dans le Moyen-Orient, mais garde d'importants pouvoirs. C'est lui qui choisit le Premier ministre, indépendamment de la majorité parlementaire, et rejette, dans certains cas, des projets de lois émis par le parlement. Le nouveau projet lui ouvre également la voie à d'autres mandatures. L'article 88 prévoit que « le président ne peut être élu que pour deux septennats, mais l'article 155 précise que ces dispositions ne s'appliqueront qu'à partir de la prochaine présidentielle prévue en 2014 ». Ce qui permet, en théorie, à M. Assad de briguer deux autres mandats. Son ministre des Affaires étrangères, Walid Mouallam, a assuré, hier, que le projet de la nouvelle Constitution « hissera la Syrie à une nouvelle étape de pluralisme politique et démocratique » en évoquant un référendum « historique ». M. Mouallam n'a pas manqué de fustiger certains pays arabes en leur suggérant de « résoudre leurs problèmes internes » et de « laisser la Syrie tranquille ». « Ceux qui arguent qu'ils défendent l'intérêt du peuple syrien, ils ne doivent pas lui imposer des sanctions », a-t-il expliqué. La Russie a salué la tenue de ce scrutin. Elle y voit une « preuve » de la « fidélité des autorités syriennes à leurs engagements ». Ce n'est pas l'avis de l'opposition syrienne, le Conseil national syrien (CNS) en tête, qui a appelé au boycott, en mettant en garde contre une nouvelle manœuvre politique du régime. Washington a, quant à elle, qualifié ce vote de « démarche absurde » et de « plaisanterie ». Bien que fortement soutenu par la Russie et la Chine sur la scène internationale, Al Assad joue sa crédibilité politique et populaire. Notamment devant les appels (tant du CNS que des pays occidentaux, la Etats-Unis en tête) à son départ imminent. Un taux d'abstention élevé trancherait, de toute évidence, en faveur de ces derniers. Les puissances occidentales multiplieront les pressions sur Moscou et Pékin pour lâcher leur « allié ». Dans le cas contraire, Damas en sort grandie, non sans avoir mis à nu « le complot étranger » qu'elle dénonce depuis le début de la crise. Selon le quotidien américain Washington Post, le président syrien continue de bénéficier du soutien d'une grande partie du peuple syrien. « Une partie importante de la population syrienne est susceptible de voter en faveur du projet de Constitution, afin de montrer son soutien à Al Assad », a expliqué au journal américain Fawaz Gerges, directeur du Centre du Moyen-Orient à la London School of Economics. Un grand nombre d'électeurs syriens se sont rassemblés, hier, sur la place de Sabeh Bahrat à Damas pour exprimer leur soutien à la réforme globale et au référendum.