Les bureaux de vote pour le référendum sur une nouvelle Constitution maintenant de larges prérogatives au chef de l'Etat tout en supprimant la prééminence au parti Baas au pouvoir depuis un demi-siècle ont ouvert, hier, a indiqué la télévision officielle. Plus de 14 millions de Syriens, âgés de plus de 18 ans, sont appelés aux urnes mais les contestataires et l'opposition, qui réclament le départ du président Bachar, ont appelé au boycottage. Ce scrutin se déroule alors que la répression a fait au moins 7 600 morts selon des militants, les violences se poursuivant après plus de 11 mois de révolte. Les violences ont fait, avant-hier, 94 morts, dont 68 civils, selon un bilan communiqué par l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). L'organisation basée en Grande-Bretagne précise que 24 civils, notamment, ont péri à Homs, pilonnée sans répit depuis trois semaines par l'armée syrienne, et huit autres dans la région autour de la ville, tandis que 23 membres des forces du régime ont été tués à travers le pays dans des affrontements avec des déserteurs. Ce projet de Constitution s'inscrit dans le cadre des réformes promises par le régime pour tenter de calmer la contestation, mais l'opposition, qui voit le même esprit dans le nouveau texte que dans l'ancien, a appelé à boycotter le vote. La mesure la plus spectaculaire est le remplacement de l'article 8 de la Constitution de 1973, qui stipule que le parti Baas est le dirigeant de l'Etat et de la société, par une disposition instaurant le pluralisme politique. Cependant, le chef de l'Etat garde d'importants pouvoirs puisque c'est lui qui choisit le Premier ministre --et le gouvernement-- indépendamment de la majorité parlementaire, et qu'il peut dans certains cas rejeter des lois. L'article 88 prévoit que le président ne peut être élu que pour deux septennats, mais l'article 155 précise que ces dispositions ne s'appliqueront qu'à partir de la prochaine élection présidentielle prévue en 2014, ce qui permet en théorie à Bachar al-Assad de rester au pouvoir encore 16 ans. Le texte maintient aussi l'article 3 selon lequel le président doit être musulman et la jurisprudence islamique reste l'une des principales sources de la législation, ce qui heurte les formations laïques et les minorités confessionnelles en général proches du pouvoir. Des affiches ont été placardées dans toute la capitale et la télévision d'Etat diffuse des spots. C'est la première fois que les messages se bornent à inviter les citoyens à se rendre aux urnes, sans les inciter à voter pour la Constitution, a affirmé le ministre de l'Information, Adnane Mahmoud. Mais les Comités de coordination locaux, qui animent la contestation sur le terrain, ont appelé au boycottage et à la grève générale, hier, dans tout le pays car le régime cherche par ce biais à cacher ses crimes. Les Syriens sont appelés à voter dans un climat de violences Plus de 14 millions de Syriens étaient appelés, hier, à adopter par référendum une nouvelle Constitution. Elle maintient de très larges prérogatives au chef de l'Etat, contesté depuis près d'un an par des manifestants qui réclament son départ. Ce projet de Constitution s'inscrit dans le cadre des réformes promises par le régime pour tenter de calmer la contestation, mais l'opposition, qui voit le même "esprit" dans le nouveau texte que dans l'ancien, a appelé à boycotter le vote. Importants pouvoirs La mesure la plus spectaculaire est le remplacement de l'article 8 de la Constitution de 1973, qui stipule que le parti Baas "est le dirigeant de l'Etat et de la société", par une disposition instaurant le "pluralisme politique". Toutefois, le chef de l'Etat garde d'importants pouvoirs puisqu'il choisit le Premier ministre - et le gouvernement - indépendamment de la majorité parlementaire, et qu'il peut dans certains cas rejeter des lois. L'article 88 prévoit que le président ne peut être élu que pour deux septennats, mais l'article 155 précise que ces dispositions ne s'appliqueront qu'à partir de la prochaine élection présidentielle prévue en 2014, ce qui permet en théorie à Bachar al-Assad de rester au pouvoir encore 16 ans. Boycott Des affiches ont été placardées dans toute la capitale et la télévision d'Etat diffuse des spots. "C'est la première fois que les messages se bornent à inviter les citoyens à se rendre aux urnes, sans les inciter à voter pour la Constitution", a affirmé le ministre de l'Information. Mais les Comités de coordination locaux, qui animent la contestation sur le terrain, ont appelé au boycott et à la grève dimanche dans tout le pays "car le régime cherche par ce biais à cacher ses crimes". La conférence de Tunis était celle des amis de Washington Le ministre syrien de l'Information Adnane Mahmoud a raillé, avant-hier, la conférence des amis du peuple syrien, tenue la veille à Tunis, en la qualifiant de réunion des amis de Washington et des ennemis de la Syrie. Dans la première réaction officielle syrienne, le ministre qui s'adressait à un groupe de journalistes indiens a déclaré que ce qui s'est tenu hier, c'est la conférence des amis de Washington et des ennemis de la Syrie. Les participants ont pris une seule décision: persévérer à soutenir les terroristes et leur fournir des armes afin de porter atteinte à la sécurité et la stabilité de la Syrie, a-t-il dit. Réunis, vendredi, à Tunis, le groupe des Amis de la Syrie, qui réunissait une soixantaine de pays mais boycotté par Moscou et Pékin, a appelé à l'arrêt immédiat des violences et à de nouvelles sanctions contre la Syrie, mais a temporisé sur le déploiement d'une force arabe/ONU de maintien de la paix. La Tunisie et le Qatar ont plaidé en faveur de la création d'une force arabe, dans le cadre de la Ligue arabe, mais la France a estimé que cette force devrait auparavant obtenir le feu vert du Conseil de sécurité de l'ONU. Le groupe a également reconnu le Conseil national syrien (CNS) comme un représentant légitime des Syriens qui cherchent un changement démocratique pacifique et s'est engagé à fournir un soutien effectif à l'opposition, tandis que l'Arabie saoudite approuvait l'idée de lui envoyer des armes. M. Adnane a dénoncé ceux qui s'en prennent à la Syrie en Occident et aux Etats-Unis et à leurs instruments régionaux qui sont l'Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie. Ils se déplacent d'un congrès à une autre afin de masquer leur grand échec au Conseil de sécurité de l'ONU, a-t-il encore dit faisant allusion au blocage d'une résolution condamnant la Syrie grâce au double veto russo-chinois. Pour sa part, le journal gouvernemental syrien As Saoura affirmait, avant-hier, que la rencontre de Tunis représente une nouvelle déception pour le petit groupe de comploteurs qui poursuit ses tentatives de déstabilisation de la Syrie, assure le quotidien. Il suffit de voir la tête du prince Hamad (ben Jassem, Premier ministre et ministre des Affaires Etrangères du Qatar, qui préside la Ligue arabe) et de (Burhan) Ghalioun (président du Conseil national syrien, l'organe le plus représentatif de l'opposition au régime de Bachar al-Assad) tandis que l'Arabie Saoudite se retire de la réunion en critiquant son manque d'efficacité. Il s'agit d'un nouvel épisode du complot contre la Syrie. Les comploteurs poursuivent leur agression contre le pays et multiplient les mensonges sur les évènements en cours en Syrie, accuse le journal gouvernemental. Pas d'évacuation avant-hier de blessés de Homs Aucune évacuation de blessés du quartier de Baba Amr, à Homs, n'aura lieu, avant-hier, en raison de l'échec des négociations menées par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et le Croissant rouge arabe syrien (CRAS) avec les autorités et les opposants syriens. Les négociations du CICR et du CRAS avec à la fois les autorités syriennes et les groupes d'opposition à Homs, qui ont commencé, avant-hier matin, n'ont pas abouti à des résultats concrets aujourd'hui, a affirmé le porte-parole du CICR à Damas Saleh Dabbakeh. Il n'y aura donc pas, malheureusement, d'évacuation d'urgence aujourd'hui, a-t-il ajouté, précisant toutefois que le CICR et le CRAS continueront à négocier avec les autorités et l'opposition pour tenter d'entrer à Baba Amr afin de mener une opération d'évacuation. Le CICR et CRAS ont réussi vendredi pour la première fois à évacuer sept blessés et vingt femmes et enfants malades de Baba Amr, pilonné depuis trois semaines par l'armée, mais pas les deux journalistes occidentaux tués et deux autres reporters blessés. L'Américaine Marie Colvin, grand reporter du Sunday Times, et le Français Rémi Ochlik, photographe à l'agence IP3 Press, ont été tués mercredi dans un appartement transformé en centre de presse à Baba Amr. La journaliste française Edith Bouvier et le photographe indépendant britannique Paul Conroy ont été blessés dans ce même bombardement, et ont appelé dans des vidéos à leur évacuation au plus vite de Baba Amr pour recevoir des soins.