La visite hier du ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, en Syrie, a coïncidé avec une série de mesures diplomatiques contre Damas initiée par les monarchies du Golfe et certains pays européens. Le Conseil de coopération du Golfe (CCG) a demandé aux ambassadeurs de Syrie de «quitter immédiatement» les six pays membres du groupement régional et annonce le rappel des ambassadeurs des pays membres à Damas. Cette mesure intervient alors que les six monarchies du CCG tiennent, à Riyad, une réunion sur la Syrie après le blocage de la résolution de l'ONU. La France, l'Espagne, l'Italie et les Pays-Bas ont, de leur côté, rappelé leurs ambassadeurs en Syrie, au lendemain de la fermeture par Washington de son ambassade. La Turquie a annoncé le lancement prochain d'une «nouvelle initiative» internationale pour la Syrie. Cependant, l'Union européenne a quelque peu nuancé cette tendance soulignant qu'il n'y avait aucun plan «pour retirer le chef de la délégation à l'heure actuelle». Pendant ce temps à Damas, Lavrov est acclamé par des milliers de Syriens. L'hôte russe a estimé que le président Bachar al-Assad assumait ses responsabilités face à la crise dans le pays. Le président Bachar al-Assad a promis au chef de la diplomatie russe de faire cesser les violences «d'où qu'elles viennent». La visite de Lavrov, accompagné du chef des services de renseignements extérieurs, Mikhaïl Fradkov, intervient après le veto de la Russie et de la Chine, samedi à l'ONU, à un projet de résolution du Conseil de sécurité présenté par les Occidentaux et des pays arabes. Ce double veto sino-russe a soulevé l'indignation des Occidentaux et de certains pays arabes. L'opposition réunie autour du Conseil national syrien (CNS) et de l'Armée syrienne libre (ASL) a appelé les hommes d'affaires syriens et arabes «à financer les opérations menées par les rebelles». L'ASL, qui revendique quelque 40 000 combattants, mène des opérations sporadiques contre les forces gouvernementales. D'un autre côté, la commission chargée d'élaborer une nouvelle Constitution en Syrie a achevé ses travaux et devrait présenter bientôt le texte au président syrien. Ce dernier a annoncé, le 10 janvier dernier, qu'un référendum sur la nouvelle Constitution aurait lieu la première semaine de mars. Le 24 janvier, la commission avait décidé de limiter le mandat présidentiel à deux septennats et de remplacer l'article 8 de l'actuelle Constitution, qui fait du parti Baâth le «dirigeant de l'Etat et de la société», par un article stipulant le «pluralisme politique» et des «élections libres». En vertu de la Constitution en vigueur depuis 1971, le président est actuellement rééligible pour un nombre illimité de mandats. Hafedh al-Assad, père de l'actuel président, mort en juin 2000, avait ainsi fait cinq mandats successifs. Bachar al-Assad a succédé à son père en 2000. M. B./Agences