Le président Al Assad recevant hier le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov pendant que les Occidentaux et certains pays arabes utilisent le bâton, Al Assad, la Russie et la Chine tentent de calmer les choses. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, est arrivé hier à Damas, les autorités syriennes annonçaient l'achèvement de la mise au point de la nouvelle Constitution. Selon un communiqué paru hier, la commission chargée d'élaborer une nouvelle Constitution en Syrie a achevé hier ses travaux et devait présenter bientôt le texte au président Bachar Al Assad. Une étape qui pourrait jouer en faveur du chef de l'Etat syrien. Même si sa crédibilité est largement entamée, Al Assad pourra sans doute temporiser jusqu'au début du mois de mars. Effectivement, Bachar Al Assad a annoncé le 10 janvier qu'un référendum sur la nouvelle Constitution aurait lieu la première semaine de mars. Concernant les changements apportés par la nouvelle Constitution, la commission avait décidé, le 24 janvier, de limiter le mandat présidentiel à deux septennats et de remplacer l'article 8 de l'actuelle Constitution, qui fait du parti Baas le «dirigeant de l'Etat et de la société», par un article stipulant le «pluralisme politique» et des «élections libres». Selon la Constitution en vigueur, depuis 1971, le président est rééligible pour un nombre illimité de mandats. Aussi, la commission n'a pas précisé si la nouvelle Constitution aurait un effet rétroactif, le président Al Assad devant achever son deuxième septennat en 2014. Sur le plan diplomatique, le veto de la Russie et de la Chine à un projet de résolution présenté au Conseil de sécurité par les Occidentaux et des pays arabes condamnant la répression de la contestation du pouvoir en Syrie, a quelque peu freiné l'élan de pays cherchant le moyen d'accomplir leurs objectifs, rejetant la possibilité de dialogue entre les parties belligérantes en Syrie. Après les sanctions contre le régime syrien, les pays occidentaux et les monarchies du Golfe ont rappelé hier, pour consultation, leurs ambassadeurs à Damas. A ce sujet, la Maison-Blanche qui a annoncé lundi la fermeture de son ambassade à Damas et le rapatriement de ses ressortissants en Syrie, a annoncé que les Etats-Unis examinent actuellement une «série de mesures» visant à mettre fin à l'effusion de sang en Syrie. De son côté, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a considéré à son tour que l'escalade de violence en Syrie était absolument inacceptable, notamment l'assaut meurtrier contre la ville d'Homs, et a estimé que l'absence d'accord au Conseil de sécurité «n'autorisait» pas les autorités syriennes à accroître la répression contre la population. Le CNS affaibli Hier encore, au moins 15 civils sont morts dans des bombardements de la ville de Homs, haut lieu de la contestation où quatre soldats ont été tués par un groupe de déserteurs, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (Osdh, basé à Londres). Aussi, quatre militaires qui tentaient de prendre d'assaut Khaldiyé ont été tués par un groupe de déserteurs, selon la même source. Insistant sur la thèse qui stipule que des gangs armés et des terroristes sont derrière les événements qui déchirent la Syrie, le ministère syrien de l'Intérieur a déclaré lundi que «les opérations contre les groupes terroristes se poursuivront jusqu'à ce que la sécurité et l'ordre soient rétablis dans tous les quartiers de la ville de Homs et sa province et que toute personne armée qui terrorise les citoyens et met leur vie en péril soit vaincue». «Des groupes terroristes armés ont commis durant les dernières semaines des meurtres atroces qui ont coûté la vie à des centaines d'innocents», a-t-il expliqué. Affaibli et de peu d'envergure, le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a exhorté la communauté internationale à «agir vite pour empêcher un nouveau massacre» à Homs et «protéger les civils syriens». Au tout début des contestations contre le régime en place, période qui a coïncidé avec l'intervention de la coalition militaire étrangère en Libye, tout le peuple syrien avec ses différentes factions (pro-gouvernementale et/ou anti-régime) était resté d'accord sur un seul et unique point: le refus et la condamnation de toute tentative d'ingérence étrangère dans le pays, car c'était, selon leur conception du moment, à eux de gérer leurs problèmes et non aux autres. Les choses ont bien changé. Après 10 mois de contestation, c'est maintenant l'opposition qui crie au secours et insiste pour une intervention étrangère en Syrie. Lavrov reçu par Al Assad Dans l'intention de trouver une solution politique à la crise syrienne, et dans le souci de contourner la volonté des Occidentaux et de quelques pays arabes à intervenir en Syrie, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, est arrivé hier à Damas pour des entretiens avec le président syrien Bachar Al Assad à propos de la crise syrienne et sur les voies et moyens de la régler. Alors que Moscou avait annoncé dimanche que Lavrov se rendrait à Damas pour évoquer la mise en place rapide de «réformes démocratiques indispensables» en Syrie, ce dernier a déclaré hier avoir eu une rencontre «très utile» à Damas avec le président syrien, Bachar al-Assad, qui lui a promis de «faire cesser les violences d'où qu'elles viennent». Alors que la Russie s'est déclarée prête à continuer à chercher une solution au conflit syrien en se basant sur l'initiative de la Ligue arabe qui prévoit notamment le transfert des pouvoirs du président Assad à son vice-président, le président syrien a indiqué que la Syrie voulait que la mission de la Ligue arabe continue de travailler dans le pays et qu'elle soit élargie. Et pour preuve, une réunion au niveau ministériel est prévue le 11 février pour examiner les suites éventuelles de cette mission d'observation, qui était destinée à surveiller l'application d'un plan de sortie de crise prévoyant en premier lieu la fin des violences. A son tour, la Chine envisage de dépêcher un émissaire dans des pays de la région pour «jouer un rôle constructif dans une solution politique à la crise syrienne», a annoncé hier le ministère chinois des Affaires étrangères. Dans des déclarations intervenues après l'arrivée hier du chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, à Damas, Pékin a aussi déclaré espérer que les efforts de la Russie pour résoudre la crise syrienne «se révéleraient payants», tout en précisant que Pékin «continue de soutenir le rôle constructif et positif joué par la Ligue arabe». Les Etats-Unis ont de leur côté émis l'espoir que Lavrov fasse «bien comprendre au régime» de Bachar Al Assad combien il était «isolé». La Ligue arabe a pour sa part promis de continuer à travailler avec le régime syrien et l'opposition en vue d'une «solution politique» à la révolte réprimée dans le sang.