C'est un véritable cri d'alarme qu'ont lancé les spécialistes en chirurgie thoracique et cardio-vasculaire lors de la deuxième journée de formation post-universitaire consacrée à cette spécialité. Cette rencontre, organisée par le CHU Mustapha-Pacha, a permis au Dr. Soltane Ameur de souligner la gravité de la situation qui prévaut dans notre pays. « Certes un texte de loi a interdit l'utilisation de l'amiante dès 2009 mais, y a un passif à prendre en charge. Un listing des personnes ayant manipulé de l'amiante dans les usines, les ports et les aires de stockage, et un registre des écoles dont les plafonds éventrés laissent apparaître cette substance dangereuse doivent être mis en place », dira-t-il. Il affirmera par ailleurs que « de multiples produits importés renfermant de l'amiante sont entre les mains des citoyens », au péril de leur santé. Il reconnaîtra que la bataille sera de longue haleine car « un lobby de l'amiante et un grand enjeu financier sont là ». Cet appel à la mise en place d'une stratégie rigoureuse de lutte est, selon Dr. Ameur, l'unique parade à « la propagation de la tumeur de la plèvre en procédant à un diagnostic précoce ». D'autant que « le traitement qui s'élève à 60 millions de centimes à raison de 100 000 DA par cas ou l'intervention chirurgicale estimée à 200 millions de centimes se soldent, souvent, par des complications ou des décès », a-t-il expliqué. Avec 200 à 300 nouveaux cas de tumeur de la plèvre par an dans notre pays, la sensibilisation est pour certains spécialistes un autre moyen de lutte contre ces pathologies. Le Pr. Hocine Chaouche, chef du service chirurgie thoracique, cardiovasculaire et transplantation rénale, au CHU Mustapha-Pacha, a évoqué la nécessité d'une campagne de sensibilisation à l'intention des utilisateurs de produits renfermant de l'amiante comme les mécaniciens qui procèdent au changement des plaquettes de freins car « les mystériomes (cancers) dues à l'amiante n'apparaissent que 20 ans ou plus après l'inhalation des fibres. Une fois le cancer développé, le traitement est très difficile et on espère ne pas en arriver là. Des moyens existent mais il faut les mobiliser ». D'autres participants ont appelé à la mise en place d'un réseau d'information entre les chirurgiens qui permet d'obtenir des chiffres plus fiables. Même si des relais de cancer existent à Oran, Sétif, Annaba, Constantine, « cela reste insuffisant en matière d'information sur le nombre de malades, le diagnostic établi et même les traitements suivis ». Le Pr. Marc Riquet de l'hôpital Georges-Pompidou de Paris, dira que sa participation à cette rencontre « s'inscrit dans le cadre de la coopération qui existe entre les deux institutions et qui a vu le perfectionnement des étudiants algériens au niveau de notre service. Cette formation est prise en charge par la société de la chirurgie thoracique afin de développer les techniques chirurgicales et de prise en charge des malades ». Il affirmera que la coopération entre les deux hôpitaux pour amorcer la transplantation pulmonaire dans notre pays est opérationnelle depuis une année.